Zozoter, c’est comme zézayer, dire Ze manzerai au lieu de Je mangerai, ou encore L’azote, ze connais pas, au lieu de L’azote, j’en fous partout !
L’azote, sous différentes formes, est en effet devenu une préoccupation forte en matière de pollution. Sans entrer dans le détail de cette question complexe, comme toujours, rappelons que ce sont les oxydes d’azote qui sont préoccupants : le monoxyde d'azote, NO ; le dioxyde d'azote, NO2 et le protoxyde d'azote, N2O. Ces gaz peuvent être émis de façon naturelle ou par les activités humaines : combustion, moteurs et agriculture principalement. Bien que des progrès aient été enregistrés sur les émissions de dioxyde d’azote, la prise de conscience de l’impact de ces gaz est lente, désespérément lente… Les nitrates, autres dérivés polluants de l’azote, sont très suivis et réglementés dans l’eau, beaucoup moins dans l’air. C’est le protoxyde d’azote qui interpelle le plus, produit surtout lors de la transformation des engrais azotés en agriculture. C’est en effet le second gaz à effet de serre (GES) après le C02, avec un potentiel de réchauffement global 310 fois plus élevé que le C02. Et c’est celui dont les modalités d’émission par les sols agricoles sont les plus mal connues. Quand on préfère ne pas savoir, n’est-ce pas…
Les impacts de ces dérivés de l’azote sur l’environnement sont multiples : outre la contribution à l’effet de serre, ils acidifient les milieux naturels ; et sur la santé, ils engendrent des difficultés respiratoires. Je me souviens d’un appel téléphonique d’un chercheur d’une station INRA de l’ouest de la France, au début des années 1990, il cherchait quelqu’un qui pourrait doser les nitrates dans l’air, à l’aide des lichens par exemple, pour confirmer les mesures, inquiétantes, qu’il venait de faire et qui étaient… interdites de publication. Je me souviens aussi de cette collaboration avec la presse agricole régionale en 1997 afin de publier régulièrement des articles de sensibilisation à l’environnement jusqu’à ce que je propose un article sur la pollution d’origine agricole : refusé et fin de la collaboration ! Quand on préfère ne pas savoir, n’est-ce pas…
Mais rien n’est désespéré : l’INRA vient de mettre en œuvre une étude en Eure-et-Loir pour mesurer les émissions de N20 en continu afin d’élaborer un dispositif prévisionnel. De façon plus abordable et empirique, regardez les clochers d’église en pierre calcaire qui deviennent vert jaunâtre du fait du développement de plantes nitrophiles : des algues comme le Pleurocoque ou des lichens comme le Xanthoria. Ce n’est pas une preuve, pas une inquiétude, mais un bon indice de la présence probable de composés azotés dans l’atmosphère de façon significative.