Courtil est un mot dérivé de l’ancien français court, qui signifie jardin attenant à la ferme, ou petit jardin. C’est une des caractéristiques paysagères du Marais Vernier situé au sud de l’estuaire de la Seine. Ces lanières de terrain longues de 1 200 mètres sont séparées par des drains, la partie haute étant autrefois consacrée aux cultures maraîchères. Cela subsiste notamment à Bouquelon, sur la réserve naturelle des Courtils.
Cette réserve naturelle est le résultat d’une persévérance à toute épreuve, alliée à une compétence très élevée ; c’est l’œuvre de Christine Le Neveu et Thierry Lecomte, deux passionnés de nature, aussi bien dans leur activité professionnelle que dans leur vie personnelle. Partis avec 4 hectares en 1979, Christine et Thierry ont réussi à agrandir progressivement cet espace protégé, fédérer les acteurs locaux et les soutiens institutionnels et financiers pour parvenir à une réserve naturelle régionale, véritable joyau de la biodiversité, au sein de la vaste zone humide du Marais Vernier. Au fil du temps, Christine et Thierry ont pu acquérir d’autres courtils qui se trouvaient en déprise agricole et souvent menacés par l’invasion arbustive des milieux ou des projets de peupleraies ou terrains de loisirs. C’est en 1995 que les Courtils deviennent réserve naturelle volontaire (RNV) avec déjà 20 hectares. C’est alors la première RNV de Haute-Normandie. Entre temps, l’association « Courtils de Bouquelon » est créée afin d’associer une cinquantaine de personnes qui disposent ainsi d’un outil de gestion. En associant d’autres propriétaires privés et le Conservatoire du Littoral, la réserve compte maintenant 77 hectares !
L’évolution de la législation va transformer le nom d’origine en réserve naturelle régionale (RNR) avec le soutien du Conseil régional depuis 2009. L’Agence de l’Eau restant le soutien financier le plus important. Les Courtils abritent un patrimoine naturel très riche et diversifié tant pour la flore que la faune (plus de 150 espèces patrimoniales !) grâce aux initiateurs de ce beau projet qui ont su mettre en œuvre un mode de gestion adapté avec les emblématiques bœufs d’Ecosse, chevaux de Camargue ou moutons Shetland. Des visites sont régulièrement organisées pour des naturalistes, élus, aussi bien que le grand public. Quelques heures passées dans les Courtils, avec un vol de cigognes au-dessus de vos têtes et des plantes carnivores à vos pieds vous convaincront que, décidément, il y a parmi les Humains des gens plus humains que d’autres parce qu’ils ont compris que nous appartenons, nous aussi, à la nature. (https://courtilsdebouquelon.wordpress.com/). Merci Christine et Thierry de cette belle leçon.