Comme pour la plupart des gens, mon argent est à la banque. Même si ce n’est pas beaucoup, chacun dépose son argent à la banque, « en toute confiance ». Oui, mais voilà la question : que devient mon argent, à quoi sert-il ? Même si mon argent est « placé » « en toute sécurité », et que la banque le fait « travailler » pour qu’il me rapporte, il peut être pertinent de se demander, mieux encore de demander à sa banque, à quoi servent tous ces dépôts sur les comptes-courants, comptes-épargnes et même LDD (livrets de développement durable). Ne servent-ils pas, par exemple, à financer des investissements pour des fabrications d’armement, des industries polluantes, ou même des énergies fossiles qui vont contribuer à amplifier les modifications climatiques…
Et voilà que cette question saugrenue est posée par des fondations, des institutions qui attendent des banques une certaine éthique et des actes plutôt que des discours… Ce mouvement, parti des universités américaines il y a 5 ans, gagne du terrain et s’amplifie. Cela nous rappelle une vieille histoire, quand dans les années 1960 naissait aux Etats-Unis le mouvement New Age, précurseur du courant écologiste et… des « évènements de mai 68 » en France.
Le but de cette contestation est d’amener les grands actionnaires à ne plus investir dans les énergies fossiles, première cause des modifications climatiques. Les résultats de cette campagne de désinvestissement restent modestes pour le moment, mais cela amène au moins certains financiers à s’interroger sur la rentabilité réelle à long terme des énergies renouvelables par rapport aux énergies fossiles classiques. C’est ainsi que BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole se sont engagés à se retirer de projets miniers australiens. Le Crédit Agricole vient d’annoncer qu’il ne financera plus de projets liés à l’extraction de charbon, il est ainsi la première banque française à prendre un tel engagement.
Encore faut-il bien sûr que les actions des entreprises et des états soient en cohérence avec celles des banques. Mais là aussi les choses évoluent et c’est ainsi que les grands groupes industriels mondiaux, réunis à l’UNESCO à Paris fin mai se sont déclarés en faveur d’une économie bas carbone, coordonnée avec les gouvernements. En Europe apparaissent des « territoires à énergie positive », innovation remarquable. La France ambitionne 200 territoires de ce type qui permettront de valoriser les ressources locales et l’accès à l’énergie à un coût maîtrisé. Mais cela demande… de la solidarité entre territoires voisins autour de projets communs et pour cela il faudrait que les Français sortent de leurs cabanes de Gaulois !