Que n’a-t-on pas dit à propos des 35 heures, à propos des difficultés de l’emploi. L’objectif, en passant de 39 à 35 heures devait permettre de partager le travail. La grosse erreur n’a pas été cette réduction d’horaires, mais son application, en faisant croire qu’en travaillant moins, on gagnait autant. Il fallait réduire le temps de travail ET les salaires. Qu’en est-il maintenant que le chômage continue à progresser malgré tous les bricolages tentés ?
Il est temps, il est grand temps de s’interroger enfin sur le travail, sur le sens, l’utilité et le partage du travail. Autant de questions qui remettent en cause toute notre société selon les réponses que l’on apporte. En effet, à quoi ça sert de travailler ? Bien sûr, l’élaboration de produits ou services génère de l’emploi. Mais à quoi bon travailler pour fabriquer des produits inutiles, voire nuisibles, pour le simple fait qu’ils génèrent de l’emploi ? A quoi peuvent bien servir des produits « consommables » surchargés en colorants, conservateurs ou pesticides, sinon à nuire à la santé. A quoi peuvent bien servir des véhicules « suréquipés », sinon à encombrer notre vie avec de la technologie inutile. A quoi peuvent bien servir des emballages multiples sur certains produits, sinon à remplir notre poubelle. A quoi sert la publicité pour vanter les « mérites » de tel objet qui ne sert à rien, sinon faire vendre. Il ne serait pas plus malin d’élaborer des produits dont on a réellement besoin, sains, non pollués ou polluants, qui apportent une réelle contribution à notre bien être ?
Face à cette situation, il est grand temps de partager l’emploi ! Il y a moins de travail, partageons le travail. Diminuons le temps de travail pour maintenir le nombre d’emplois. Dans ce cas les 30 heures ne sont pas utopiques, seulement politiquement incorrectes, alors que la mécanisation à outrance pourrait bien amplifier le phénomène dans les années qui viennent. Cette règle est déjà en application chez Opel en Allemagne. On répartit alors le travail et on répartit les salaires. Certes, cette réduction hebdomadaire du travail est un slogan qu’il faudrait décliner : pourquoi la même règle pour tous, alors qu’il existe des types d’emplois très différents. De même il faudrait plutôt annualiser le temps de travail afin de libérer du temps libre.
Il s’agit là d’un vrai choix de société à faire entre le partage et la situation actuelle, celle de la précarité pour certains… condamnés pour que perdure la société inégalitaire.
Autant dire qu’il va falloir beaucoup d’imagination pour mener cette révolution du travail. Mais il y a des révolutions pacifiques et d’autres… moins !