Les paroles récentes, un peu maladroites et un rien provocatrices, d’un ministre ont réveillé un vieux débat franco-français à propos des fonctionnaires. Tous ces bons à rien, trop payés et qui ne font que retarder le progrès… La franchouillardise va bien, merci. Il y a bien trop de fonctionnaires, mais il faudrait davantage d’enseignants, d’infirmières ou de policiers… On paye trop d’impôts, mais il y a trop de choses qui ne sont pas faites ou qui attendent…
Comme trop souvent dans notre pays de pleurnicheurs, certains sujets sont tabous et ne peuvent être abordés que par provocation pour bien souvent… retourner aux oubliettes. Et pourquoi un ministre ne poserait-il pas des questions qui fâchent et qui peuvent donner lieu à débat ?
Pourquoi en effet toutes ces disparités de statuts entre les Français, pourquoi certains avantages à certains et pas d’autres, pourquoi ces régimes de retraite si différents, tout cela au nom de l’unité syndicale sans doute ou des valeurs de la gauche…
Mon parcours personnel n’a sûrement pas valeur d’exemple, mais au moins je peux témoigner modestement : en 42 ans de vie professionnelle, je fus salarié de l’industrie, puis fonctionnaire d’Etat, puis fonctionnaire territorial, puis avec le même statut mis à disposition d’une association et enfin profession libérale. Cela ne vaut que pour moi bien sûr, mais là où j’ai le moins travaillé avec un respect scrupuleux des horaires, c’est dans le privé. Là où j’ai le plus travaillé avec des horaires élastiques et travail à la maison, c’est en tant que fonctionnaire territorial. Là où j’ai été le plus impliqué avec une responsabilité personnelle sur mon avenir professionnel, c’est en tant que profession libérale.
Je me souviens de ce professeur de français qui, en classe de 5ème, nous expliquait que dorénavant ce ne serait plus comme avant, que nous allions exercer plusieurs professions au cours de notre vie et qu’il fallait se préparer à ces changements.
Le problème, sans doute réel, a été mal posé comme trop souvent. Bien sûr, il ne s’agit pas de supprimer les fonctionnaires, ou de rompre brutalement leur statut actuel, mais peut être peut-on s’interroger sur des transitions possibles et des adaptations à imaginer. Il faudrait surtout rendre possibles et plus souples les changements de statuts, y compris au sein de la fonction publique. Il conviendrait d’être plutôt imaginatif que revendicatif, prospectif que conservateur pour assurer davantage de formation continue et de mobilité professionnelle afin de pouvoir alterner des emplois et des statuts.