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  • : Le blog de Michel Lerond
  • : Libre opinion sur les questions d'actualité en environnement et développement soutenable
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  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

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3 novembre 2015 2 03 /11 /novembre /2015 08:09

     Mais, qu’est-ce que j’entends ? Des grattements, des bruits sourds, des râles… Mais qu’est-ce donc ? Oh là là, voilà un revenant, mais oui c’est lui, le père Jules, mon grand-père, avec une voix d’outre-tombe, c’est le cas de le dire. Mais qu’est-ce qu’il marmonne ? Vous entendez, vous aussi : vaindieu de vaindieu, qui qu’vous foutez asteur ? V’la ty pas que vous venez d’inventer l’cochon bien élevé, qui bouffe dehors et dort su d’la paille. Du cochon dans qui qu’ tout est bon ! Est bé la peine qu’on vous a payé des études pou inventer tout’ ces conneries d’élevage en batteries qu’vous dites ! Bon allez grand père, tu as bien raison, ils n’ont pas encore tout compris, mais rendort toi, peut être qu’un jour…

     Si cette « résurrection » de mon grand-père était possible, il y aurait en effet de quoi s’agacer au regard de la situation actuelle : 95% de la viande de porc consommée en France provient de grandes structures industrielles et non de fermes… Dès lors, peut-on encore parler d’élevage ou plutôt de système de production, quasiment d’usine à viande ! Voilà bien une rupture profonde dans les rapports entre les hommes et les animaux qui ne sont plus considérés à proprement parler comme des êtres vivants, mais plutôt comme des machines à produire des matières comestibles. La rentabilité et la recherche de profit l’emportent totalement sur l’affectivité et les relations traditionnelles qui existaient autrefois, même avec des animaux destinés à être abattus et consommés. Ce système de production industrielle comprend alors de 500 à 5 000 truies, dans une concentration extrême pour augmenter les profits. Les animaux vivent sur des caillebotis, sans sortir de box plus ou moins obscurs. Les techniques de production sont « raffinées » pour qu’une truie produise de l’ordre de 30 porcelets par an, au lieu d’une quinzaine autrefois. Les animaux improductifs, ou pas assez, sont éliminés rapidement, comme des pièces mécaniques mal usinées… Cette organisation du travail, d’une certaine violence, peut générer des perturbations chez les salariés des porcheries.

     On est loin, très loin, d’un certain « vivre ensemble » des débuts de l’élevage du néolithique. Bien sûr, on ne va pas revenir aux techniques d’élevage ancestrales, mais on peut cependant s’interroger sur cette rupture anthropologique qui pourrait encore s’amplifier avec les biotechnologies, remplaçant progressivement nos relations de travail avec les animaux par des systèmes de fabrication de produits conditionnés par la spécialisation et la diminution des coûts de production. Au-delà de cette problématique de l’élevage porcin, c’est notre mode de relation avec la nature et le respect du vivant qui sont posés. Cela nous ramènera peut être au cochon qui vit dehors et dort sur la paille.

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commentaires

A
Cré vaindieu qu't"as ben raison ! Adieu veaux, vaches, cochons, poulets, ... élevés dans des conditions normales mais, du temps du grand-père, combien étions nous de terriens ? Combien de fois y avait-il de la viande au repas ? Quel était le taux d'obésité ? Combien de terres agricoles disparaissent chaque années pour la construction de maisons, d'usines,... Consommateurs, qui voulons toujours plus en dépensant moins, ne sommes nous pas responsables de toutes ces anomalies.
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M
C'est très bien vu Stéphan, tu as tout à fait raison : c'est le consommateur qui peut être maître du jeu... s'il le veut vraiment !<br /> Michel
L
j'apprécie toujours votre blog et tout particulièrement ce dernier.<br /> <br /> Michel Lecouteur
Répondre
M
Merci beaucoup et bonnes lectures à venir.<br /> Michel