C’est en 1936 qu’apparaît en Allemagne la marque automobile Volkswagen, littéralement la voiture du peuple, créée par Ferdinand Porsche. Près de 80 ans plus tard, le célèbre groupe automobile a reconnu, après avoir été pris en flagrant délit, avoir fraudé en déjouant les contrôles anti-pollution sur… 11 millions de véhicules. En conséquence les actions de Volkswagen ont dévissé de 35 % en deux jours, le groupe pourrait « bénéficier » de 16 milliards d’euros d’amende aux Etats-Unis et le PDG a été prié de donner sa démission du mastodonte de 600 000 salariés et 12 marques de camions et voitures, avec toutefois une petite compensation personnelle de l’ordre de… 28 millions d’euros. Est-on bien sûr que nous vivons tous sur la même planète ?
La fraude a consisté à optimiser le rejet de polluants, ce qui explique que certains véhicules émettaient, en conditions réelles, 10 à 40 fois le taux d’oxyde d’azote autorisé. Une pacotille…
C’est peu dire que les médias ont relayé l’information. Mais on a peu (ou pas du tout ?) entendu que, finalement il y avait là une certaine logique : nous sommes dans une économie de marché, il faut donc vendre à tout prix, pour l’emploi, pour la compétitivité, pour la croissance et donc convaincre d’acheter. Voilà bien la logique du marché qui exige une certaine publicité, qui trouve elle-même quelques arrangements avec la réalité, en « l’embellissant » juste un peu…
Oui, c’est vrai, j’ai l’esprit critique, mais… j’ai bien entendu que l’Etat, les états, un peu schizophrènes, sont écartelés entre le discours environnemental (bientôt la COP21) et le souci de protéger le secteur automobile ; que l’Union européenne, très schizophrène, assure faire le gendarme entre les évaluateurs et les évalués qui sont parfois… les mêmes, ou presque ; que tout cela est « commandité » par les lobbies qui ne comptent que 240 lobbyistes pour le secteur automobile à Bruxelles, dont 43 travaillant pour Volkswagen.
Aïe, aïe, aïe, ça va pas être facile ! Peut-être faudrait-il enfin réaliser que nous avons changé de siècle et d’époque, que le 20ème siècle avait pour credo « avoir plus » et que maintenant, le fil conducteur sous-jacent de notre société mondialisée, c’est « être mieux » ! Mais où sont donc les politiques dignes de ce nom, soucieux du mieux-être commun ? Où sont donc les intellectuels qui pourraient reformuler l’avenir ? Où sont donc les économistes à même de sortir de la pensée unique ? Et pourtant il en existe, peut-être trop silencieux, des passeurs d’avenir. Quelle ne sera pas la surprise si la vague qui monte déferle sur les rivages de la bienpensance !