Le système économique dans lequel nous vivons repose, en grande partie, sur une relation étroite entre investisseurs et entreprises. Dans notre monde en mouvement, il arrive que cette relation soit remise en cause, au moins en partie, lorsque les objectifs des uns et des autres diffèrent, même si tous restent attachés au profit le plus important possible. Voilà donc du nouveau ! Un mouvement naissant, qui semble s’amplifier, conduit certains investisseurs à exiger des entreprises plus de transparence et d’ambition sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les entreprises n’ont alors d’autre choix que de se soumettre en produisant des informations précises aux actionnaires, en particulier sur la gestion des risques climatiques, notamment depuis la COP21.
Cette pratique, encore peu répandue en France, semble plus courante aux Etats-Unis où les investisseurs ne s’engagent qu’en connaissance de cause sur les thèmes liés au climat et à l’énergie. Bien que les investisseurs et entreprises engagées dans cette voie restent minoritaires, les exigences nouvelles poussent à réduire les émissions de gaz à effet de serre avec des engagements précis.
Mais rien n’est simple et le mouvement inverse existe aussi avec la pression, très organisée, des lobbies. Ceci est particulièrement vrai en ce qui concerne l’Europe, comme on l’a vu avec « l’affaire Volkswagen » qui truquait les tests de rejets des moteurs diesel. Bien que les relations entre les commissaires européens et les lobbies soient très réglementées, la fête continue… Après des tractations pas très nette, la décision est tombée concernant les moteurs diesel : afin de pouvoir s’adapter progressivement, les constructeurs pourront dépasser les normes de rejet de… 110 % jusqu’en septembre 2017, puis ensuite de seulement 50 % d’ici janvier 2020 pour les nouveaux modèles. Les eurodéputés ont ainsi voté pour ce projet, à une courte majorité c’est vrai, par ailleurs jugé préjudiciable à l’environnement et la santé…
Chez nous, en France, nous avons un débat du genre à propos des pesticides néonicotinoïdes, dont on connaît les bienfaits pour la santé !... Les députés ont voté l’interdiction de ces produits, applicable… le 1er septembre 2018, avec des dérogations possibles. Les céréaliers et semenciers disent leur secteur en danger du fait de cette mesure très handicapante pour leur compétitivité… On pourra peut-être reporter l’échéance.
Mais au fait, vous avez un compte en banque. Vous savez que votre banquier « fait travailler votre argent ». Vous avez pensé à lui demander ce qu’il en fait de votre argent. Est-ce qu’il veille bien à sélectionner pour ses marchés des valeurs liée au développement soutenable, en tenant compte des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance. Est-ce qu’il le dit et est-ce qu’il le prouve ?