La planète Terre a déjà connu cinq extinctions massives d’espèces depuis 500 millions d’années, la dernière datant (seulement) de 65 millions d’années avec notamment la disparition des dinosaures. Selon un certain nombre de scientifiques, nous serions actuellement en train de commencer à vivre la « 6ème extinction » avec un rythme de disparition d’espèces qui ne cesse de s’accélérer du fait des activités humaines. Bien sûr tout cela n’est pas très optimiste et un peu agaçant, mais nous concerne au premier chef, d’autant plus s’il se trouvait que l’espèce humaine fasse partie du wagon…
Dans un tel contexte d’accélération du processus, les naturalistes constatent, impuissants, que la biodiversité s’érode plus vite qu’ils ne décrivent les espèces. Trop peu nombreux pour effectuer un inventaire de longue haleine, les naturalistes n’ont pu identifier qu’une partie de la richesse vivante de notre planète. Environ 1,8 million d’espèces ont pu être répertoriées, mais on estime qu’il en reste 8 ou 20 millions, ou plus encore à découvrir et identifier, personne ne le sait… Si l’on connaît assez bien les mammifères et oiseaux, on connaît seulement 350 à 400 000 espèces d’insectes sur sans doute plusieurs millions ! Dans le domaine des plantes, on connaît une bonne partie des plantes dites « supérieures », mais pour les mousses, lichens, champignons, algues ou autres il reste un énorme travail à faire. Certains domaines, comme les insectes, les mollusques ou les plantes cryptogames sont très dépourvus de spécialistes.
Le drame est que, précisément, nombre de ces espèces disparaissent sous nos yeux, sans même que nous les connaissions. On estime que chaque jour, au niveau mondial, trois ou quatre espèces de plantes sont décrites et que dans le même temps il en disparaît 70 à 80 ! Fort heureusement, il existe des lieux où attendent patiemment des millions d’espèces, en attente de leur « état civil ». Ces lieux, ce sont les museums dans lesquels explorateurs et naturalistes ont accumulé d’innombrables échantillons rapportés de leurs voyages, depuis le XVIIIème siècle. Ces museums constituent un véritable outil d'avenir qu’il faut valoriser, ce sont des conservatoires d’espèces pour la recherche scientifique. Peu rassurant, le phénomène s’amplifie : les méthodes modernes de collecte permettent de rapporter de plus en plus d’échantillons, mais le nombre de spécialistes n’augmente pas…