La récolte de blé 2016 en France a été annoncée comme étant la plus mauvaise depuis 40 ans. La raison essentielle est liée aux mauvaises conditions climatiques du début d’année avec des pluies excessives et le manque de soleil. De ce fait les épis sont peu chargés, de médiocre qualité et les parasites se développent. Cette situation a un impact économique et les agriculteurs vont demander la reconnaissance de calamité agricole pour compenser les pertes. Ce constat peut être un tout petit peu nuancé si l’on retient que depuis de nombreuses années les rendements ont augmenté, culminant en 2015, sans trop se soucier ni des modifications climatiques, ni de l’appauvrissement des sols à force d’intensification des cultures, ni de la sélection des graines qui offrent peut être moins d’adaptabilité aux conditions du milieu…
Comment faut-il le dire et redire pour être entendu : le climat est perturbé du fait des activités humaines, ces perturbations concernent la planète entière de façon aléatoire et très diversifiée et nous devons en tenir compte d’urgence faute de quoi nous le payerons très cher ! Chacun le sait, l’année 2015 a battu tous les records d’émissions de gaz à effet de serre et donc de températures, de montée des eaux, de sécheresses, de recul des glaciers et d’inondations… Les six premiers mois de 2016 ont été encore plus chauds !
Certes les céréaliers savent se faire entendre, mais ils ne sont pas les seuls concernés, les apiculteurs aussi et les pêcheurs de même ! Du fait de la météo, les abeilles sont moins sorties et ont peu butiné : la récolte de miel sera le tiers de ce qu’elle est habituellement, sans compter le déficit de fécondation des fleurs de toutes sortes, y compris de nos cultures. Dans un autre registre, les eaux marines plus chaudes ont aggravé la propagation des algues aux dépens des poissons, en particulier en Méditerranée où près de 60 % des stocks ont été péchés à des niveaux biologiquement non viables. Bref, les récoltes en tous genres annoncent cette année une baisse, alors que la population terrestre augmente. Dans un communiqué, le Fonds mondial pour la nature (WWF) a alerté l’opinion : la planète vit à crédit et de plus en plus chaque année. C’est le 23 décembre 1970 que l’on a estimé pour la première fois ce déficit entre la production de la planète et la consommation humaine. Cet Earth Overshoot Day est intervenu le 13 octobre en 1990 et le 8 août cette année.
D’ores et déjà il est prévu que si les émissions mondiales de C02 ne diminuent pas, en 2030 le « budget écologique » sera englouti pour le 28 juin. En clair cela signifie qu’en six mois nous aurons consommé toute la production annuelle, ce qui ne peut se poursuivre au-delà. Que faire alors pour « équilibrer le budget » : soit on diminue la population de moitié, soit on consomme moitié moins. A vous de choisir ! Pas facile…