L’année où disparaissait Jean Rostand, en 1977 (http://www.michel-lerond.com/2016/08/relire-jean-rostand-1-3.html), Jean-Marie Pelt publiait L’Homme re-naturé (Editions du Seuil, 1977, 271 pages), marquant par cet ouvrage, lui aussi, son esprit précurseur (http://www.michel-lerond.com/2016/01/adieu-monsieur-pelt.html). Relire ces auteurs « anciens » me semble utile pour mesurer, à la fois, les avancées de la pensée et aussi les piétinements de l’action. Que faudra-t-il encore de pédagogie et de répétitions pour convaincre de choses aussi élémentaires et souvent évidentes…
Ainsi à propos du contexte économique de notre société, Jean-Marie Pelt écrit : … Il est aisé de démontrer que le malaise économique et le désarroi moral actuels sont les conséquences naturelles d’une conception exclusivement quantitative et matérielle du progrès.
Le rythme de croissance auquel sont soumises les économies des pays techniquement avancés depuis une trentaine d’années suppose, pour se maintenir, une augmentation de la consommation. Trois types de stratégies concertées permettent d’atteindre cet objectif : la création de nouveaux besoins et la stimulation des désirs par la publicité, l’ouverture de nouveaux débouchés à l’exportation et la réduction de la durée de vie des objets.
A-t-on vraiment évolué en 40 ans ? J’en doute. En aval de cette croissance, il y a parfois quelques problèmes de pollution :
Polluer, en effet, c’est d’abord transférer des déchets de son activité domestique ou industrielle sur le territoire des autres. Qu’importe après tout de contaminer la foule innombrable des êtres vivants qui peuplent la nature et dont la vie, à première vue, ne nous concerne pas ? Comment se sentir solidaires de ces rapaces devenus stériles par accumulation de pesticides chlorés dans leur organisme ?… C’est ainsi que peu à peu des espèces reculent, d’autres disparaissent, appauvrissant de manière irréversible le patrimoine biologique et génétique de la biosphère.
Et tout cela avec, aussi, des résultats qui nous concernent davantage :
L’importance des interactions entre le monde moléculaire et l’organisme humain apparaît avec éclat dans l’estimation selon laquelle 80 à 90 % des cancers seraient dus à l’environnement. On connaît aujourd’hui avec certitude la responsabilité du tabac et de l’alcool dans le développement des cancers de la cavité buccale et de l’appareil bronchopulmonaire. Mais on perçoit mieux chaque jour l’impact de la pollution de l’air et de l’eau, et les effets cancérigènes de nombreuses molécules considérées comme banales, de sorte que la qualité de l’environnement semble peser de plus en plus lourd sur le bilan global de la santé…
Où en est-on en 2016 ? C’est mieux ?