Incontestablement, la prise de conscience des questions environnementales a progressé depuis 45 ans, mais il reste grandement à inventer les principes d’action, sans se perdre dans un maquis d’ambitions et de fausses routes. Ainsi les Verts n’auraient-ils pas dû lire « Socialisation de la nature » de Philippe Saint-Marc et s’en inspirer plutôt que de sombrer dans le ridicule et la disqualification de leurs objectifs annoncés :
Sans être elle-même un parti, la défense de la Nature doit être un groupe de pression suffisamment puissant pour arbitrer entre les partis.
Bien entendu, et comme toujours, revient dans les propos de Philippe Saint-Marc la question du pourquoi. Pourquoi tant de mépris pour la nature et donc quelle éducation apporter ? :
(La Nature) est aussi Culture et, à cet égard, il faut rénover notre conception de l’Education Nationale. Ce qui compte c’est moins d’enseigner la Nature à l’homme que d’organiser l’enseignement de l’homme par la Nature. Ce qui importe, ce n’est pas tant d’apprendre une masse de notions de botanique ou de zoologie qui, d’ailleurs, à la limite, peuvent s’inculquer abstraitement en dehors même du milieu physique ; c’est surtout d’être amené à découvrir ce que la Nature contient comme richesses intellectuelles, scientifiques, artistiques, de percevoir l’intime liaison de tout le monde vivant, de recevoir la leçon d’équilibre et d’harmonie qui se dégage si souvent d’un accord entre la présence humaine et son cadre.
Cet ouvrage mémorable se termine par des interrogations sur notre avenir et un appel pressant au changement :
L’humanité aura-t-elle assez de clairvoyance pour rejeter le système qui l’entraîne au suicide, pour comprendre qu’elle ne peut, sans se détruire, conserver la société actuelle ? Socialiser la Nature est aujourd’hui la seule chance de sauver la vie sur Terre…
Vienne le temps de la Nature retrouvée où, toujours parmi nous et dans nous, sa force vitale exaltera notre soif de créer ! Vienne le temps où les hommes ne seront plus assez fous pour travailler chaque jour à leur souffrance et à leur mort !
En conclusion, subsiste le doute. Si nous avons avancé, les questions centrales demeurent irrésolues :
Notre société voudra-t-elle, pourra-t-elle, pendant qu’il est encore temps, échapper aux forces qui la poussent à l’abîme ?
Demain, c’est pour l’humanité le néant ou la lumière, une fin ou une aurore.
Il est vrai que 45 ans plus tard, il n’est toujours pas trop tard, mais le temps presse !