- Enjeux et évolutions souhaitables
L’agriculture est confrontée à des enjeux considérables que sont la priorité donnée à sa vocation vivrière, la préservation des sols et son équilibre tant économique qu’environnemental. Tout cela nécessite une évaluation de l’activité agricole dans son ensemble, avec le souci affirmé de privilégier l’intérêt collectif.
La vocation vivrière de l’agriculture doit redevenir une priorité nationale, en France, mais aussi partout dans le monde.
Cela suppose, en premier lieu, que l’on préserve les sols. En France, le grignotage des terres agricoles est en moyenne de 74 000 hectares par an. En Europe, les sols imperméabilisés représentent environ 400 m2 par habitant… Au niveau planétaire, ce sont 25 % des terres agricoles qui sont dégradées ! Cela rend encore plus difficile le défi qui consistera à nourrir 9 milliards d’humains en 2050, pour lesquels il faudrait 70 % d’aliments supplémentaires sur des terres de moins en moins fertiles, voire dans certaines contrées… sans sol.
Avec une certaine mondialisation l’agriculture a perdu ses repères ancestraux et, parfois, ne « nourrit plus son homme », ce qui est un comble. Quel bilan économique, en effet, quand la production agricole est rémunérée davantage par le contribuable que par le consommateur ; quand les « dégâts collatéraux » sont pris en charge par la collectivité et non par leurs auteurs. Combien coûte et combien rapporte l’agriculture ? C’est une question qu’il faut poser.
Quant à ses impacts environnementaux, ils demeurent même si une prise de conscience est indéniable et des mesures prises. Ainsi, malgré le programme Ecophyto, la consommation de pesticides ne cesse d’augmenter, avec des conséquences non négligeables sur la santé et l’environnement : en 2013, 92 % des points de surveillance des cours d’eau font état de la présence d’au moins un pesticide. De même, concernant les modifications climatiques, l’agriculture n’a pas été assez prise en compte dans les négociations internationales : elle est très sensible aux perturbations climatiques, notamment dans les pays du Sud, et est génératrice d’émissions spécifiques.
On ne pourra résoudre cette équation difficile qu’en commençant par établir un bilan réel de l’agriculture française. C’est une réelle difficulté que de faire évaluer, par un observateur indépendant, avec la participation des citoyens, une activité aux facettes aussi diversifiées, en considérant toute la chaîne et pas seulement le maillon qui nous convient. Mais c’est un passage obligé.