Pierre Teilhard de Chardin continue ses explications et insiste sur une phase décisive : A un certain moment la matière atteint un certain indice de « complexité » et elle devient vivante :
- « Du point de vue évolutif où nous nous plaçons, un des caractères les plus curieux des molécules est la façon dont elles se montrent capables d’apparaître, de « germer », absolument partout sur le monde des atomes. »
La complexification des molécules génère des protéines. Cette fois la vie est apparue et se répand partout sur la terre et forme autour de la sphère matérielle une sphère biologique, la biosphère. Cette matière vivante évolue et conquiert l’eau, la terre et l’air. Dès lors naissent les poissons, les oiseaux, puis d’autres animaux.
- … « Où nous tourner pour apercevoir la mutation fondamentale qu’il faut bien imaginer s’être produite, quelque jour et quelque part, dans la masse des molécules carbonées terrestres pour avoir donné à certaines protéines, plutôt qu’à d’autres, l’extraordinaire chance de déclencher la prise de la biosphère ? »
Du poisson au mammifère le cerveau grossit et s’enfle :
- « Rameau terminal, dernier né de la branche des vertébrés, le vaste faisceau des mammifères est en même temps, de beaucoup, le plus cérébralisé. »
Les primates ont évolué et se sont diversifiés. Les anthropoïdes sont les plus évolués des mammifères et voilà qu’à un moment une espèce particulière a passé le pas de la réflexion. L’homme était né. La matière vivante est devenue matière pensante. Alors à la biosphère s’est ajoutée une sphère pensante, la noosphère :
- « Le remarquable pouvoir d’expansion caractéristique du groupe zoologique humain est évidemment lié chez lui aux progrès de la socialisation. C’est pour être devenue capable, par accès à la réflexion, d’assembler et d’arcbouter indéfiniment entre eux les éléments qui la composent, que l’humanité, dernière-née de l’évolution, a pu si rapidement faire sa place à travers, et finalement par-dessus, tout le reste de la biosphère.
Et maintenant ?
- Bien loin donc de plafonner (ou même de rétrograder) comme on l’entend trop souvent dire, l’homme est présentement en plein essor. Et, sous condition que les réserves planétaires de tous ordres ne viennent pas à lui manquer, le mouvement d’ultra-hominisation en cours… semble échapper aux menaces habituelles de la sénescence. »
Mais… :
- Si, avant que l’humanité n’arrive à maturation, la planète devenait inhabitable… alors, évidemment, ce serait le raté de la vie sur terre. »
Pour ce qui est de la place de l’homme dans la nature, c’est à peu près clair. Quant à l’origine du monde…