Les collectionneurs de toutes sortes d’objets ne sont pas rares. Etienne Audenet, à Boissay, près de Buchy en Normandie est de ceux-là. C’est ainsi que dans sa propriété, la ferme où il est né et qu’il a exploitée toute sa vie, avec son père puis seul, il présente nombre d’objets tels une collection de tour Eiffel, de cannettes de bière, de bouteilles de crus de vins ou de livres qui évoquent les fables de La Fontaine… Mais au-delà de ces collections, certes déjà importantes, Etienne présente un rassemblement invraisemblable d’objets liés à la pratique agricole, aux activités rurales et aux métiers du bâtiment. Ces milliers d’outils ont un intérêt certain dans la mesure où ils proviennent en quasi-totalité de la région proche, environ 50 km autour de Buchy, et constituent ainsi un témoignage de l’activité locale depuis près d’un siècle. La découverte de ces outils, assortie de la verve intarissable d’Etienne, nous retrace l’histoire locale, et notamment l’évolution des pratiques agricoles. De la fauche des céréales à la main et du battage au fléau… à la moissonneuse batteuse, il y a une vraie histoire !
Ce collectionneur amateur fait ainsi œuvre de pédagogie auprès des amis qu’il reçoit à son domicile, mais son rôle de conservateur d’un patrimoine collectif est sans doute plus important encore : il assure de fait la gestion d’une mémoire rurale. Au moment où les vieux bâtiments agricoles, inadaptés et parfois devenus inutilisables, partent en lambeaux, que nombre d’objets anciens passent par des foires à tout pour finir en déchèterie, Etienne participe à une action de sauvegarde très méritoire et sans doute trop peu reconnue.
Tous ces objets sont triés, rassemblés et se comptent par milliers. Peut-être serait-il souhaitable qu’ils soient répertoriés, catalogués pour en assurer la « survie ». Il y a là un énorme travail à accomplir qui devrait mobiliser les services de conservation du patrimoine. C’est d’un trésor dont il s’agit !
Ces collections sont présentées dans les anciens bâtiments de la ferme, dont la cour a été transformée en jardin. Il ne serait pas exagéré de dire qu’il s’agit d’un véritable jardin botanique du fait de sa richesse, ce qui ne gâte rien. Du haut de ses 78 ans, Etienne peut contempler son œuvre avec fierté, il a sauvé une part de notre histoire commune ! Cela s’arrose… avec un bon coup de cidre. A la tienne Etienne !