Alexander von Humboldt (1769-1859) est un naturaliste et explorateur allemand bien oublié maintenant. Et pourtant… il fut un précurseur visionnaire quant à sa façon de concevoir la nature. Totalement tombé dans l’oubli, seuls quelques scientifiques gardent le souvenir de ce pionnier.
C’est ce que vient de rappeler l’ouvrage d’Andrea Wulf : l'Invention de la nature (Les éditions Noir sur Blanc, 624 pages, 2017), rappelant ses multiples périples sur la planète, de sa Prusse natale à la forêt tropicale. Humboldt a connu un grand succès, à son époque, notamment en publiant le récit de ses voyages au Nouveau Monde en… 34 tomes. Mais c’est surtout sa nouvelle conception de la nature qui a retenu l’attention, en mettant en avant des relations entre la géographie et la répartition des plantes et animaux. En somme Humboldt a mis en évidence les relations biologiques entre les êtres vivants et leur milieu, ce qui s’est appelé un peu plus tard… l’écologie.
Les idées de Humboldt vont ainsi influencer Charles Darwin qui va regarder la nature comme un système interactif, Henry Thoreau, le « poète-naturaliste » ou Ernst Haeckel, « l’inventeur » de l’écologie.
Humboldt considérait la Terre comme un organisme vivant fragile à protéger, en plein 19ème siècle, contrecarrant l’idée dominante de l’époque : l’homme domine la nature qui est à son service.
Un peu plus de deux siècles plus tard… cette idée progresse, surtout sous la pression des évènements plus que par simple lucidité ! Il faut du temps pour faire passer des messages simples…
Humboldt a été un « honnête homme des Lumières » embrassant tous les domaines et aussi un scientifique travaillant dans plusieurs domaines spécialisés. Il a soutenu la nécessité de la recherche scientifique, soucieux d’inventaires et de classifications, procédant à des synthèses pour mettre en rapport différents domaines. Il est considéré aussi comme le père de la géographie moderne.
Alexander von Humboldt fut un grand homme assurément. On ferait bien de s’en souvenir plutôt que ressasser des vieilles lunes, comme la consommation infinie de la nature, qui nous aveuglent sur l’évolution du monde. Mais il n’est jamais trop tard !