Voilà des décennies que l’on ressasse le concept du retour à la nature. Mais de quelle nature parle-t-on ? Certains rigoristes ne voudraient y voir que nature sauvage, nature originelle en somme. Mais il faut être réaliste, sur la planète bien peu d’endroits n’ont jamais été fréquentés par l’homme et la quasi-totalité de la Terre a été aménagée, transformée, parfois abîmée, mais parfois aussi enrichie par les activités humaines. Nous ne sommes plus des hommes des cavernes et faut-il le rappeler encore, le but n’est pas de protéger la nature seule, mais de trouver le bon compromis entre nous et la nature. Dès lors, si les humains retrouvent le chemin de la nature, quand bien même aménagée, il faut s’en réjouir. Certes, les campagnes, forêts, ou qui plus est, les promenades aménagées sont plutôt des paysages que la nature originelle. Mais la demande forte que l’on constate à cet égard est des plus rassurantes.
Ainsi à Rouen, les quais de la Seine réaménagés, plantés, verdis, ne sont pas la nature originelle, mais des paysages qui attirent un monde fou, avide de retrouver le calme, un peu de nature au contact de l’eau. Des quais « pourris » utilisés en parkings sauvages, on est passé à des cheminements piétonniers, sous les arbres, à un bon compromis entre citadins et une nature retrouvée. Un dimanche ensoleillé, on peut y observer des milliers de promeneurs ! En Normandie encore, en Pays de Bray, le réaménagement d’une ancienne voie ferrée en « avenue verte » attire des centaines de promeneurs… de même sur les bords du lac de Forges-les-Eaux. Dans la vallée de l’Andelle, deux marais aménagés pour les promeneurs avec des caillebottis au-dessus de l’eau sont moins fréquentés, mais permettent de découvrir la faune et la flore de ces zones humides, avec quelques panneaux pédagogiques discrets et efficaces. Que dire encore des bords du Clain, la rivière qui traverse Poitiers ou les abords du lac de Neuvic en Corrèze. Partout le même engouement de bon augure. Quant à l’autre côté de la Manche, voyez donc les bords de la Cam, la rivière traversant Cambridge, là encore des centaines de promeneurs, par exemple, un dimanche matin tôt par -6° ! Dans tous ces cas évoqués, le même schéma domine : un aménagement sommaire, mais « marchant » pour les piétons ou cyclistes, valides ou handicapés, au contact de la nature, « sauvage » ou reconstituée. On y observe peu de déchets, les gens se respectent, se sourient, se parlent !
Oui, vraiment, les hommes ont besoin de nature, ils sont dans la nature ! Bravo donc à tous ces élus aménageurs qui ont su réinventer une symbiose, au moins partielle, entre l’homme et la nature.
Suggestion pour une thèse de sociologie : est-ce que le contact avec la nature ne rapprocherait pas les hommes, alors que le manque de nature les aigris et les rend agressifs ?