A plusieurs reprises, nous avons attiré l’attention sur ce blog à propos des dépôts clandestins de déchets dans la nature. En 2017, nous rappelions l’étude accomplie en 1997 sur les déchets déposés sur les rives de la Seine, entre le pont de Tancarville et le barrage de Poses, soit 9 000 tonnes : http://www.michel-lerond.com/2017/09/dechets-en-seine-ou-mis-en-scene.html. 20 ans plus tard, une enquête d’un journaliste a prouvé que malgré les ramassages, c’est le « tonneau des Danaïdes » avec des arrivages incessants en provenance de l’amont, y compris des produits dangereux, et… sans solution.
En 2010 déjà, nous avions signalé le film « Océans de plastique », réalisé par Sandrine Feydel, qui montrait les conséquences dramatiques pour la faune marine de cette arrivée en mer des déchets amenés par les fleuves : http://www.michel-lerond.com/article-que-dis-je-c-est-un-fleuve-c-est-un-ocean-51019753.html.
Plus récemment, nous avons signalé la décharge de Dollemard au Havre qui a accumulé 400 000 tonnes de déchets en 50 ans, qui maintenant… tombent à la mer ! : http://www.michel-lerond.com/2018/04/dollemard-ou-drame.html. Cela n’a pas empêché que le site de Dollemard soit classé « site naturel remarquable » dans le PLU du Havre, et fasse partie de la zone Natura 2000 « Littoral cauchois »…
Et voilà maintenant que l’on apprend qu’après l’échouage de l’Amoco Cadiz en 1978 (227 000 tonnes de pétrole brut tout de même) sur les côtes bretonnes, le nettoyage express a permis de stocker les déchets sur 147 sites, dont 95 sont encore pleins, dont certains près du Havre, dans l’estuaire de la Seine, au sein de la réserve naturelle… Bien sûr, nous résumons là brièvement une situation complexe qui a connu plusieurs étapes, y compris juridiques et techniques. Mais tout de même il semble bien que nous ayons un sacré problème avec nos déchets.
Bien sûr, on peut imputer ces situations à l’inconséquence des décideurs et des élus, mais on peut aussi s’interroger sur nous-mêmes, nos propres comportements et notre état d’esprit vis-à-vis de l’état de la nature. Voilà près de 50 ans que sont mises en place des opérations de nettoyage avec des bénévoles pour sensibiliser la population, et surtout les plus jeunes. Ces opérations se sont multipliées ces derniers temps, c’est une bonne chose, mais…
Tout cela est parfois le fait de jeunes délinquants… mais pas seulement. Ainsi, cette femme âgée, sur le parking d’une clinique rouennaise qui essuie méticuleusement la glace de sa voiture avec un mouchoir en papier, pour enlever une tâche inopportune et… jette le papier au sol ! Anecdote imaginaire ? Non, c’est du vécu, clinique Mathilde le jeudi 26 avril à 9h37.
Alors, c’est qui le déchet ?