C’est assez souvent que l’on fait une lecture inversée des questions qui se posent à nous pour y répondre… de travers. Si vous inversez le mot Dollemard, cela donne drame et quelques déchets... En somme un résumé de la situation ! Les médias ont récemment largement relayé cet évènement de niveau régional, national et européen : on va essayer de s’occuper de la décharge de la ville du Havre à Dollemard qui laisse aller ses déchets à la mer depuis… 70 ans. Voilà enfin une bonne nouvelle, comme quoi il ne faut pas désespérer !
Créée vers 1945 lors de la reconstruction du Havre, la décharge de Dollemard a reçu de l’ordre de 3 millions de mètres cubes de déchets jusqu’à sa fermeture en 2000. En 1984 se produit un important glissement de terrain qui emporte une partie de la décharge, surtout des plastiques. En 1998 un nouvel éboulement se produit sur une longueur de 250 m et une largeur de 50m pour un volume estimé à 50 000 m3. En 2018, la mairie lance un appel d’offre pour définir les moyens de remédier à cette situation et identifier les financements possibles…
Le site de Dollemard, situé entre Sainte-Adresse et Octeville-sur-Mer près de l’aéroport, est classé « site naturel remarquable » dans le PLU du Havre, fait partie de la zone Natura 2000 « Littoral cauchois » et à chaque marée « évacue » plastiques, polystyrènes, ferrailles, déchets du BTP, etc. Depuis son ouverture, le site a reçu des ordures ménagères, remblais et déchets provenant des entreprises locales du bâtiment, des casses automobiles, de la SNCF, de EDF, des cimetières, etc. Tout cela dans une certaine confusion juridique entre ville du Havre, propriétaires privés et services de l’Etat. Depuis 2001, la ville du Havre a réagi et tenté diverses actions, mais ce sont toute de même environ 400 000 tonnes de déchets qui ont été accumulés, dont une partie est tombée à la mer vers la plage de Saint-Adresse ou jusque… Dunkerque ! On prévoit que d’ici 2050, tous les déchets devraient avoir disparus… en mer. Une concertation en mars 2018 entre les acteurs concernés (associations, mairie et Etat) a abouti au souhait d’une remise en état du site qui pourrait coûter… 20 millions d’euros. Qui va payer ? On cherche…
Tout cela laisse un peu pantois, mais… Il y a encore « mieux » si l’on songe que la plus grande décharge de France a fonctionné de 1912 à 2010 sur 80 hectares avec une « colline » de déchets de 35 m de haut à Marseille (Saint-Martin-de-Crau) à raison de 1 100 tonnes par jour apportés par deux trains. Depuis la décharge a été recouverte d’argile et d’une géomembrane et remplacée par un incinérateur. Inconséquence des décideurs et des élus ?, peut-être, mais voyez nos bords de routes, en pleine campagne, avec nombre de papiers, cannettes et déchets divers… Une fois de plus, commençons par nous remettre en cause nous-mêmes !