Germaine Ricou (1924-2018), picarde d’origine, a passé une grande partie de sa carrière à Rouen. Après un passage à l’école des Beaux-Arts d’Amiens, elle intègre l’école nationale supérieure d’agronomie de Grignon pour entrer ensuite vers 1949 à l’Institut National de la Recherche Agronomique, station de Rouen. Là elle gravit tous les échelons jusqu’à maître de recherches. La station de Rouen était alors un lieu de recherches important sur les prairies et les plantes fourragères.
Dès les années 1950, les conséquences des traitements chimiques sur la faune incitent les entomologistes « agricoles » à effectuer des inventaires d'entomofaune dans les milieux cultivés et inventent le concept de lutte intégrée. Puis dans les années 1960 apparaît le premier enseignement d’écologie fondamentale et est lancé le Programme Biologique International, innovations auxquelles Germaine Ricou est associée.
Elle est directrice de la station entomologique de Rouen de 1961 à 1985, qui devint en 1980 « Laboratoire de recherches sur les écosystèmes prairiaux » jusqu’au départ en retraite de Germaine Ricou. La station fut alors fermée, juste un siècle après sa fondation en 1885. Pendant ce temps elle participe au programme environnement du CNRS et contribue à l’enseignement universitaire, à Rouen notamment, en alliant étude fondamentale et action. Germaine Ricou a 175 publications à son actif sur ces questions.
Parallèlement à sa carrière scientifique, Germaine Ricou fut aussi conseillère municipale à Grand-Quevilly pendant une vingtaine d’années, adjointe de Laurent Fabius. Elle milite dans diverses associations comme les Amis des sciences naturelles et du Museum de Rouen, l'OPIE (Office pour l'information entomologique) dont elle fut présidente pendant 20 ans, la Fédération française des sociétés de protection de la nature, Nature et avenir dont elle fut moteur pour la création de cette association normande pour la "protection" de la nature dans un esprit scientifique et non pas polémique. Elle entre en 1973 à l’Académie des sciences, belles lettres et arts de Rouen, son discours historique et visionnaire avait pour titre "Ecologie, science de l'environnement" (Précis 1973, P. 61-71 : https://www.index-precis.academie1744-rouen.fr/)
Germaine Ricou a assumé diverses responsabilités scientifiques, associatives, et électives, un cas rare d’osmose entre ces engagements différents, en faisant profiter des jeunes naturalistes dont j’étais. Merci Germaine, vous avez été une grande dame de l’écologie.