Pour une transition politique, et pas seulement écologique :
L’alarme est déjà ancienne, puisqu’en 1972 se tenait à Stockholm le premier sommet mondial de la Terre, puis était publié le rapport sur « Les limites de la croissance » par le Club de Rome, suivi… par le premier choc pétrolier ! 50 ans, un demi-siècle pendant lequel, certes beaucoup d’initiatives ont été prises, mais sans jamais tenter un autre modèle de développement. Depuis le sommet de la Terre à Rio en 1992, les discours se sont multipliés mais la véritable transition énergétique se fait attendre. Il n’y aura pas de véritable transition sans répartition des efforts et plus de justice sociale. C’est donc bien d’une transition politique dont nous avons besoin. S’il faut se battre aujourd’hui, ce n’est pas uniquement pour les générations futures ou pour les pays les plus menacés, c’est aussi pour nous-mêmes, ici et maintenant, tant il y a urgence ! Cette transition ira sans doute jusqu’à une forme de rationnement, ce qui sera difficile à faire accepter, tant elle évoque l’économie de guerre et la pénurie, alors que nos sociétés restent dans l’illusion de l’abondance. Il nous faut maintenant penser sobriété et se préparer à des mutations de nombreux emplois. Nous n’avons plus le choix, nous avons trop attendu et il ne nous reste plus que quelques années pour espérer inverser la tendance. La situation est très claire, il s’agit d’un choix binaire, comme le disent certains penseurs, de façon directe : « la coopération planétaire ou les fosses communes ». Mais n’est-ce pas ce qu’écrivait déjà Paul Valéry : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles »…
Malgré tous les beaux discours, en fait personne n’est vraiment prêt à l’énorme redistribution des richesses que va impliquer la justice climatique. Pour nous Français, l’Europe est une magnifique opportunité pour affronter les grands défis du 21ème siècle, que ce soit en termes d’énergie (comme à l’origine de l’Europe !), de prévention des risques climatiques, de préservation de la biodiversité ou de l’eau, c’est LE projet que nous devons construire ensemble. Par ses innovations, l’Europe peut devenir un objectif pour les jeunes et un phare pour le monde. Pour faire évoluer le fonctionnement de l’Europe, il faut surtout que les politiques soient réajustées et les lobbies « recadrés », mais aussi que les citoyens soient pleinement responsables en plaçant le sens du collectif au-dessus des intérêts individuels. C’est à l’Europe que doit revenir une part importante de la réglementation communautaire : la monnaie, la défense, la politique étrangère. L’Europe doit assurer une meilleure formation civique aux jeunes et une intégration plus forte des problématiques environnementales dans les cursus de formation. L’Europe devra faire cette révolution : s’occuper de la biodiversité, du climat, de l’énergie, de l’économie en gardant l’Humain comme priorité absolue.
A l’heure de la mondialisation, les différences d’échelle des problématiques environnementales peuvent être préoccupantes d’un continent à l’autre. Il est devenu indispensable de faire un saut démocratique à l’échelle mondiale afin de réguler, par exemple, les marchés des denrées agricoles pour en faciliter l’accès aux pays les plus pauvres. La régulation d’une économie mondialisée suppose des discussions avec tous les états dans le cadre de l’ONU, avec des règles de fonctionnement qui restent largement à inventer.
Tout est encore possible quand on voit se structurer une mobilisation du Parlement français, avec un collectif sénatorial « urgence climatique » qui présente une série de neuf priorités de politiques publiques pour répondre au défi climatique ou une centaine de députés de tous bords réclamer au Premier ministre plus d’ambition pour les énergies renouvelables.
Plus encore ! Lorsque le Parlement britannique est le premier au monde à décréter « l’urgence écologique et climatique », comme nous le proposions nous-mêmes sur ce blog en 2017 pour la France. Alors qu’en sera-t-il de la « nouvelle Europe » avec le renouvellement du Parlement du 26 mai ?
A suivre : 3/ Pour éviter l’explosion : l’engagement civique de chacun.