Les enjeux prioritaires de notre époque sont le climat et la biodiversité, personne ou presque n’en doute. Les solutions proposées, les actions à mener doivent l’être au niveau planétaire, mais aussi national et régional, au plus près des habitants.
Les parcs naturels régionaux ont été créés par décret du 1er mars 1967 pour animer des « territoires d’expérimentation » puis sont devenus des « laboratoires du développement durable ». Ils ont été pendant un demi-siècle les premiers acteurs face à ces enjeux. L’expérience ayant pleinement réussi, il est grand temps de l’étendre à tout le territoire régional. D’autant plus, qu’entre temps, nombre d’EPCI (Etablissements Publics de Coopération Intercommunale) ont pris le relai avec des initiatives toujours plus nombreuses en matière d’énergie, de transport ou d’aménagement du territoire. Nous avons attiré l’attention sur ce sujet depuis 10 ans sur ce blog, en 2009 ou en 2014. Les PNR ont 4 missions à remplir : aménagement du territoire, développement économique et social, éducation et formation, innovation et expérimentation, et donc rien qui ne soit incompatible avec les EPCI ?...
Au sein des Régions, le territoire est maintenant largement structuré en Communautés de communes afin de donner de la cohérence aux actions liées à l’utilisation de l’espace notamment. Dès lors les Pays et les Parcs naturels régionaux n’ont plus lieu d’être puisque leurs politiques innovantes sont désormais appliquées largement sur le territoire régional, en simplifiant le mille feuilles administratif. Cette question préoccupe plusieurs territoires ruraux français et en particulier le Pays de Bray, en Seine-Maritime, où le sujet fait débat. La démarche de création d’un nouveau PNR (Parc naturel régional) interrégional, entre Dieppe et Beauvais, serait comme je l’ai déjà exprimé, une "fausse bonne idée".
Certes un PNR constitue un plus, mais qu'apportera-t-il alors qu'il sera géré par les mêmes acteurs que le PETR (Pays) qui mène déjà largement des actions de type « Parc naturel » ? Pourquoi ne pas abandonner le 20ème siècle pour entrer dans le 21ème ? : Les PNR ont été une bonne idée, ils ont rempli leur mission de territoires expérimentaux et leurs acquis doivent maintenant être élargis à l'ensemble du territoire régional. Certes on peut comprendre que les acteurs locaux souhaitent une reconnaissance de la richesse de leur territoire et d'une certaine identité. Mais alors pourquoi ne pas imaginer un label pour les territoires qui souhaitent être reconnus pour leurs actions environnementales effectives. Celles-ci sont le plus souvent déjà obligatoires, que ce soit pour l’urbanisme, l’agriculture, l’assainissement ou le tourisme par exemple. Il ne s’agit donc plus aujourd’hui d’afficher une intention, mais de faire reconnaître que les obligations ont été bien remplies. A quoi bon refaire des études, qui certes sont à actualiser, mais déjà réalisées pour vérifier la faisabilité du projet, avec un coût de 75 000 € début 2008, porté à 157 000 € début 2009 et en promettant aux acteurs locaux, en particulier les agriculteurs, « aucune contrainte supplémentaire avec ce parc »… Quant à assurer que ce parc serait « un vecteur de développement économique »… n’y a-t-il pas confusion sur les objectifs majeurs ?
Si ce territoire souhaite un "label", une reconnaissance de "PNR", pourquoi pas mais sur un territoire déjà constitué, en fusionnant les communautés de communes existantes, comme il a été proposé depuis longtemps. Du coup le Pays de Bray serait en tête de l'innovation au plan national : les PNR ont eu leur temps, maintenant les territoires se regroupent et sollicitent un label "territoire d’avenir" (un nouveau nom à confirmer). En fait, on ne change quasiment rien, mais on affirme le regroupement des territoires avec des objectifs environnementaux forts et généralisés. La Région Normandie pourrait prendre le relai en encourageant et soutenant les actions de type PNR sur tout le territoire régional en répartissant les agents des PNR sur les EPCI. Toute une région, parc naturel régional ! Ce serait une innovation au plan national remarquée, médiatisée et profitable. Comme on dit, ça aurait de la gueule !
Cette initiative sera alors à étendre à l’ensemble du territoire national, au moment où le gouvernement prétend s’engager pour une transition énergétique et une gestion efficace de la biodiversité. Il est temps, il est grand temps de passer de la communication à l’action. Vous dites que vous allez le faire ? Alors faites-le ! Ce sera reconnu et vous serez labellisés !
Je suis bien conscient que mes propos vont heurter certains de mes amis brayons… Mais avec de vrais amis, on doit être franc et honnête, sans faux semblants, en confiant le fond de sa pensée. Bien amicalement !