C’est dès le début du XIXème siècle que l’on a pris conscience des menaces qui pèsent sur la nature, et surtout de la nécessité de la « protéger ». C’était le tout début d’un courant de pensée en faveur de la « protection de la nature » qui prendra tout son essor un siècle plus tard, pour aboutir à la création du ministère de la Protection de la nature et de l’Environnement en 1971. La transposition juridique de ces préoccupations a d’abord concerné des espèces animales et des sites considérés comme des « monuments naturels ». Certains ont parlé alors, avec un ton de reproche, de « mise sous cloche » de la nature.
Au fil du temps, ces conceptions ont largement évolué en fonction de l’évolution des idées et de notre perception de la relation homme-nature. C’est ainsi que progressivement on est passé de la notion de protection à celle de gestion ; et de la notion de milieux sauvages à tous les milieux, y compris ceux qui sont artificialisés. Cette évolution est consacrée dès 1979, avec le lancement d’un programme de recherche du ministère de l’environnement intitulé « connaître pour mieux gérer ». Tout est dit ! C’est ainsi que l’on va appréhender la sauvegarde de la nature par un concept beaucoup plus large de gestion globale des espaces en prenant en compte l’homme (qui n’est pas toujours un « protecteur » loin s’en faut) avec ses pratiques sociales et technologiques. Cet élargissement de la protection des espaces naturels remarquables aux milieux transformés par l’homme a fait émerger le souci de la « nature ordinaire », ouverture vers une conciliation des objectifs écologiques et de développement des activités humaines. Il n’y a plus, de la sorte, des humains qui abiment la nature et des lambeaux de cette nature protégée sous cloche, mais il y a l’Homme dans la Nature, avec une recherche permanente de conciliation. Dès la fin du 20ème siècle on est passé de la notion de nature à celle de biodiversité et de la notion de protection à celle de conservation de la nature. On en est donc maintenant au concept de « conservation de la biodiversité », un aboutissement. Il ne nous reste plus qu’à le mettre en pratique, chaque jour et partout !
Après un temps supposé de l’exclusion des hommes des espaces naturels, voici venu celui de la réconciliation. C’est le monde à l'envers qui nous paraît bien prometteur, pourvu que l’on prenne les mesures nécessaires à cela en matière d’aménagement du territoire et d’évolution économique.
Ce thème sera l’objet d’un prochain colloque qui se tiendra au ministère de l’Ecologie à Paris les 24 et 25 mars 2020, sous le titre « De la réserve intégrale à la nature ordinaire ». Pour plus d’information : http://enqueteur.cgedd.developpement-durable.gouv.fr/index.php/665994?lang=fr.