D’abord gérer la crise :
Une grande peur s’est emparée de la planète confrontée au coronavirus, le Covid-19. La propagation du virus est jugée très préoccupante par l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Mi-mars 2020, près de 140 pays sont touchés. Après le confinement spectaculaire de 56 millions de Chinois, l’Italie, pays le plus touché en Europe (épicentre de l’épidémie) met en quarantaine toute sa population, mesure sans précédent. Les chiffres augmentent chaque jour et le monde compte maintenant de l’ordre de 150 000 cas et environ 6 000 décès. Les frontières se ferment les unes après les autres. La France, avec plus de 5 500 cas et environ 130 décès, en est arrivée aux mesures drastiques annoncées par le Président de la République le 12 mars et renforcées le 14 mars puis le 16. Il est redouté que la pandémie puisse toucher plus de la moitié de la population française.
Devant une telle situation, inattendue et angoissante, s’agit-il d’un emballement médiatico-politique ou « simplement » l’annonce de menaces qui vont s’amplifier avec le dérèglement climatique et l’érosion de la biodiversité ? La pandémie reste cependant limitée, pour le moment, si l’on se rappelle que les grandes pestes du Moyen Age ont pu faire de l’ordre de 50 millions de morts, la grippe espagnole de 1918 de l’ordre de 45 millions de morts, le Sida 25 millions depuis 1983 (dont les 2/3 en Afrique subsaharienne) ou encore une grippe saisonnière qui fait environ 300 000 morts chaque année dans le monde !
La difficulté est de gérer le risque comme une réalité objective, ce qu’il n’est pas. Les grandes peurs accompagnent l’histoire de l’Humanité, que ce soit face à des animaux maléfiques, le terrorisme, les migrants, la maladie ou la crise écologique. Certains esprits avisés exploitent ces peurs pour étayer des croyances, restreindre les libertés individuelles ou faire du business. La peur est un marché inépuisable ! Voilà bien le miroir de notre société où se reflètent à la fois les fantasmes, les intérêts mais aussi la prudence. Chacun peut alors sombrer dans la psychose ou rejeter en bloc ces affirmations, reprochant aux autorités d’en faire trop ou pas assez… selon que l’on est directement concerné ou pas. Il en est de même pour les risques liés à la crise écologique que nous traversons, avec les impacts sociaux, économiques et sanitaires auxquels il faut s’attendre et se préparer.
Avec la découverte de 39 agents pathogènes depuis 1967, force est de s’interroger sur l’amplification des risques d’épidémies, comme l’affirme l’OMS. Ceci d’autant plus que la population mondiale croît et se concentre dans des villes (4 milliards de citadins), avec un niveau de pauvreté parfois alarmant (1 milliard de citadins vivent dans des taudis). Ajoutons encore que les communications se sont amplifiées de façon considérable sur toute la planète (on compte en permanence 5 000 avions dans le ciel !), accompagnées de moustiques, virus ou espèces devenant invasives et colportant parfois des agents pathogènes capables de contourner les antibiotiques ou autres remèdes.
En de telles circonstances, ne faut-il pas essayer de faire la part entre l’angoisse aveuglante et l’estimation des enjeux véritables, et objectiver la part de fantasme et de péril véritable ? Les mesures annoncées le 12 mars concernant la France, bien qu’incomplètement suivies, ont été globalement bien accueillies, tant par les politiques que la population, malgré leur caractère autoritaire et très contraignant. C’est une bonne surprise au « pays des rouspéteurs » ! Mais aussi un espoir, parce que face à un grand péril, la majorité des Français ont su réagir avec solidarité, générosité et intelligence. C’est de bon augure pour préparer les lendemains qui nous attendent...
A suivre : Tirer les leçons pour préparer l’avenir
Et bientôt, des clés pour agir :
Après « Faire passer le message » (https://www.editions-persee.fr/catalogue/recits/faire-passer-le-message/#.W1hl6sIyWpo) il fallait une suite pour inviter à l’action. La voici sous peu avec « Les clés de notre avenir » à paraître courant juin.