Tirer les leçons pour préparer l’avenir :
La résolution du problème n’est pas aisée, ni pour les décideurs, ni pour la population. Elle demande des mesures partagées entre Etats, donc des décisions internationales parfois contraignantes devant lesquelles rechignent nombre de personnes qui y voient là des limitations de leurs libertés plutôt que le partage de responsabilités. Il existe des mesures pour limiter la propagation des épidémies, mais il faut aussi remédier aux causes des problèmes, notamment avec un essor de la recherche médicale. Comme d’habitude, il faut d’abord identifier les causes de ces épidémies et y remédier en amont, en intervenant sur les facteurs les favorisant. Mais là se pose une autre question pour relativiser les impacts, lorsqu’une épidémie tue quelques milliers de personnes alors que le paludisme en tue 1 million dans l’indifférence générale… ou que le diabète, lié à nos modes de vie, en tue 4 millions par an. Selon les pathologies ou les populations concernées, la médiatisation peut être très variable.
Il est toutefois grand temps de s’interroger sur l’accélération des pandémies. N’y a-t-il pas un rapport avec la destruction des écosystèmes ? Parmi ces facteurs, il faut s’interroger, entre autres, sur les élevages industriels, comme ce fut le cas à propos lors des grippes aviaires ou porcines, dont on a peu parlé du bilan désastreux en matière de décès. Interrogeons-nous aussi sur l’impact des pollutions de toutes sortes et des déséquilibres naturels consécutifs à l’érosion de la biodiversité. Depuis le milieu du 20ème siècle, des centaines de microbes pathogènes se sont multipliés dans certaines régions en relation avec la déforestation, l’urbanisation ou l’industrialisation suite à la rupture d’équilibres naturels. Faire face à ces évolutions suppose que l’on dépasse la vision trop fréquente du court terme lié au fonctionnement économique de nos sociétés pour considérer le long terme lié à l’évolution de la biodiversité et du climat. Les crises écologiques doivent être prises en compte en priorité et les recherches nécessaires sur leurs conséquences menées avec des moyens appropriés. C’est pourquoi un directeur de recherche du CNRS a poussé un cri de colère devant les ravages du Coronavirus, alors que son équipe travaille depuis 10 ans sur cette catégorie de virus, sans véritable soutien financier pour la recherche fondamentale… La France, comme l’Europe, s’est désengagée de ces programmes de recherche pour satisfaire des besoins de court terme.
Mais tout n’est pas perdu, et comme évoqué dans « Faire passer le message », c’est souvent devant le drame que réagissent enfin les peuples et les décideurs. Dès 2009, Jacques Attali prédisait qu’une pandémie pourrait pousser nos dirigeants à réagir et accepter, pourquoi pas, un gouvernement mondial. Il ne faudra donc pas oublier de tirer les leçons de cette crise pour faire face… à la prochaine, inévitable compte-tenu des désordres écologiques qui ne font que s’amplifier. Il nous faudra, très vite, aller vers plus d’Europe et plus de mondialisation pour être en mesure de faire face à des défis planétaires.
On ne va pas se réjouir de cette crise du coronavirus, mais il est possible que cette « répétition générale » nous ramène à plus de raison, nous invite à plus de prospective et à mettre en place une gouvernance mondiale qui réinvente l’économie pour des fins humanitaires plutôt que cupides, avec une répartition géographique plus raisonnée et des élans de solidarité.
Bientôt, nous aurons des clés pour agir : après « Faire passer le message » il fallait une suite pour inviter à l’action. La voici sous peu avec « Les clés de notre avenir ». Avec cet opuscule, mon but est de proposer un texte synthétique et concret, afin de convaincre de la nécessité de s’impliquer personnellement, en tant que consommateur, travailleur et citoyen pour ainsi peser sur les décisions politiques relatives, notamment, au dérèglement climatique, à l’érosion de la biodiversité et la gestion des ressources. Mes 93 propositions pour surmonter les périls environnementaux n’auront de sens que si elles s’accompagnent d’évolutions profondes de notre système économique. Cette véritable révolution va demander beaucoup d’efforts, et comporter des restrictions. C’est pourquoi des évolutions de nos modes de gouvernance sont indispensables.
En voici un extrait avec la proposition N° 68 ► Mieux contrôler l’impact de l’environnement sur la santé.
Les modifications climatiques auront un impact sanitaire du fait de l’accroissement de l’incidence des maladies sous l’effet des vagues de chaleur et inondations. Ces évolutions peuvent allonger la période de transmission des maladies, notamment celles propagées par les moustiques ou les virus… Etc.
(Les clés de notre avenir - Persée, 2020.- 100 p.– 10 €). A paraître courant juin.
Restons donc chez nous. Profitons-en pour lire, nous remettre en question, imaginer des lendemains plus sereins. Après cet entraînement nous aurons tout pour « refaire le monde » ! Dès la guerre gagnée sur le coronavirus, on s’y met ! Promis ?