Depuis 2015, les sécheresses répétées ont fragilisé les forêts françaises, occasionnant des dommages. L’accélération du dérèglement climatique pose la question de leur adaptation : pendant l’été 2019, 73 départements étaient en restriction d’eau. La situation de l’Australie, située en grande partie en zone tropicale, n’est pas comparable, mais les incendies de 2019-2020 ont marqué les esprits. Résultant en grande partie des sécheresses, ces incendies ont détruits de l’ordre de 18 millions d’hectares (équivalent à la totalité des forêts françaises), mettant en péril la biodiversité et générant des pollutions importantes de l’air et des eaux superficielles.
En France, depuis quelques années on a pu constater des mortalités d’arbres sur plusieurs milliers d’hectares, souvent provoquées par des attaques de parasites (insectes et champignons) dont les populations augmentent avec la température. Ces impacts du climat font l’objet de recherches qui visent à accroître la résilience des forêts, sachant que l’adaptation naturelle prend du temps alors que le climat évolue très vite. Les voies de recherche portent sur la sélection d’individus résistants, la génétique ou la plantation au nord de la France d’essences du sud, sachant que tout cela reste incertain en termes de résultats. Le recours à des essences exotiques est aussi envisagé, mais présente le risque d’introduction de parasites qui pourraient être redoutables. Une fois de plus on constate le résultat des pratiques « modernes » qui ont privilégié l’économie plutôt que l’écologie, en multipliant les peuplements forestiers monospécifiques, ce qui en fait a affaibli la résilience des arbres. Il est urgent de revenir à des peuplements mélangés, en prenant en compte aussi la microflore des sols, en somme revenir à des forêts « naturelles ». La nature n’est pas une usine !
Les menaces sont perceptibles depuis plusieurs décennies et se multiplient à mesure que les températures augmentent. Il y a donc urgence à adapter les pratiques forestières aux modifications du climat. Le gouvernement français envisage, face à cette crise, de réformer l’ONF (Office national des forêts, créé en 1964 à la suite des Eaux et forêts). Sans doute y a t’il des adaptations à apporter à une structure ancienne, mais la privatiser en partie pour permettre une meilleure adaptation à l’économie est-elle une bonne idée ? Il n’est pas sûr, en effet, que les deux siècles de maturation des chênes ou hêtres s’accomode du court terme requis par la « rentabilité financière » dans un contexte de dérèglement climatique et d’érosion de la biodiversité…
Pourrait-on imaginer de laisser les forêts, au moins en partie, évoluer librement, comme le propose le Conservatoire d'espaces naturels Normandie Ouest qui a lancé un programme régional d'espaces en libre évolution. Cette démarche rejoint celle déjà proposée sur ce blog qui consisterait à revoir le monde à l’envers, une façon de concerner et responsabiliser les citoyens. L’initiative de la Métropole Rouen Normandie est aussi à signaler : les forêts qui constituent 30 % du territoire de la métropole font l’objet d’une concertation citoyenne pour discuter avec la population de la gestion actuelle et future des forêts dans le cadre de l’élaboration de la nouvelle Charte forestière de territoire.
Rappelons le, nous aurons bientôt des clés pour agir : après « Faire passer le message » voilà la suite pour inviter à l’action avec « Les clés de notre avenir » : un texte synthétique et concret, afin de convaincre de la nécessité de s’impliquer personnellement, en tant que consommateur, travailleur et citoyen pour ainsi peser sur les décisions politiques relatives, notamment, au dérèglement climatique, à l’érosion de la biodiversité et la gestion des ressources.
En voici un extrait avec la proposition N° 18 ► Protéger et restaurer les forêts.
… La reforestation doit permettre de favoriser la biodiversité et aussi d’absorber le dioxyde de carbone en la conciliant avec une vocation de production…
(Les clés de notre avenir - Persée, 2020.- 100 p.– 10 €). A paraître courant juin.