Nous avons souvent évoqué les dérives langagières. Il en fut ainsi dès 1972 lorsque le Club de Rome publia son rapport « The limits to growth » traduit par « Halte à la croissance » au lieu de « Les limites de la croissance », ce qui ne signifie pas tout à fait la même chose ! Plus tard, en 1987, le rapport Brundtland emploie pour la première fois l’expression « sustainable development » traduit par « Développement durable » au lieu de « Développement soutenable », ce qui est absurde puisque justement, le développement actuel ne peut pas durer !... Ces erreurs de traduction peuvent résulter d’une mauvaise maîtrise de la langue anglaise, mais ce peut être aussi pour « arranger » la réalité… En matière d’énergie, le solaire, l’éolien, l’hydraulique, la biomasse et la géothermie sont considérés comme énergies renouvelables puisque inépuisables et disponibles. Affirmation un peu péremptoire et qu’il faut nuancer fortement.
Quant à la « transition écologique »… réalité ou « green washing » ? L’évolution de notre société et le développement des énergies dites renouvelables nécessite de grandes quantités de terres rares pour la fabrication des batteries de voitures électriques, les éoliennes, les panneaux photovoltaïques, et aussi bien sûr les ordinateurs et smartphones. Or ces terres rares, très peu présentes en Europe, sont importées à 99 % de Chine, alors que nos besoins explosent. Cette situation peut évoluer avec la réouverture de certaines mines en Europe, mais sans illusion puisque le sous-sol européen est très pauvre en terres rares, ce qui nous place en situation de dépendance forte.
Dans ce contexte l’énergie nucléaire reste au centre d’un dilemme quasi insoluble. Certes la production d’énergie nucléaire offre de gros avantages en matière de faibles rejets de CO2 et donc de contribution minime aux modifications climatiques. Mais… la question des déchets reste entière, de même que le démantèlement des centrales obsolètes. Les Japonais ont peut-être trouvé la solution après l’accident de Fukushima en 2011, en prévoyant de rejeter dans le Pacifique le million de mètres cubes d’eau radioactive accumulée sur le site ! En France, pas de souci, tout est sous contrôle… bien qu’il n’y ait plus d’uranium en France depuis belle lurette, que les « incidents » se multiplient dans de nombreuses centrales et que l’EPR de Flamanville, prévu en 2006 pour un coût de 3,3 milliards d’euros, va coûter… 19 mds €, avec un retard à la construction de … 11 ans, si toutefois il fonctionne un jour ! Vous avez dit transition écologique ?
Après des décennies de tergiversations, la question centrale est toujours la même : c’est la sous-utilisation des outils d’évaluation environnementale, sociale et économique de ces nouvelles énergies, afin de pouvoir décider en connaissance de cause. A force de dénis, le mur se rapproche et il faudra bien un jour, réduire nos consommations de façon drastique, qu’on le veuille ou non !