La société numérique dans laquelle nous vivons procure maintenant des possibilités extraordinaires. Elle interroge aussi par sa dimension planétaire qui efface parfois les frontières entre le personnel et le collectif. C’est par humour que j’ai pu dire qu’un jour nous aurions tous une puce greffée sur le corps permettant d’accéder à toutes les données nous concernant… Mon fantasme personnel est dépassé par la réalité, puisque Microsoft envisage, depuis environ un an, de faire implanter des puces dans notre corps avec un identifiant numérique. Ce programme baptisé ID2020 vise à donner à chaque être humain de la planète une identité numérique, afin de conserver, et si besoin surveiller, une connection avec chaque individu. Ces puces permettraient de téléphoner, faire des achats sur le net, etc. Ainsi nous serions tous connectés en permanence. Nous sommes là dans un scénario de science-fiction ? Pas tout à fait puisque certaines entreprises américaines ont déjà pucé leurs employés et cela depuis 2017 ! Cette micropuce, de la taille d’un grain de riz, implantée dans la main permet ainsi de payer ses achats, de fournir son code d’identification ou encore de remplacer les clés pour ouvrir une porte. C’est bien pratique et des employés de plus en plus nombreux se font pucer. La multiplication de ce procédé n’est pas sans soulever quelques questions de sécurité et de confidentialité. Les hakers ont encore de l’avenir !
Pour peu qu’un régime politique s’accapare ce genre de procédé, cela peut donner le contrôle social chinois, utilisant le numérique pour surveiller la population, au moyen d’une technique d’identification faciale. Dès les années 1990, la Chine a mis en place ce contrôle sous forme d’un « permis à points citoyen ». Selon leurs comportements, les Chinois peuvent ainsi perdre des points ou en gagner, ce qui conditionne leur accès à la crèche ou un logement social par exemple. Toutes les données numériques, issues des téléphones ou internet, peuvent être croisées et regroupées dans le cadre du SCS (Système de crédit social chinois). De ce fait, il y a moins d’accidents de la route, plus de civilité et de solidarité, et plus besoin de clé pour rentrer chez soi. Le bonheur ! Le SCS n’est pas que chinois et tend, insidieusement, à se banaliser. Que savons-nous de l’usage qui est fait de nos commandes en ligne, ou de la consultation du net ? Ne sommes-nous pas en train de préparer un avenir numérique désuhumanisé ? A propos de l’ère de la communication, nous évoquions sur ce blog le livre « Homo deus » publié par l’israélien Harari, en 2017, dans lequel il envisage que, grâce à des manipulations génétiques et l’intelligence artificielle, les hommes vont être dotés de pouvoirs incommensurables. Harari pense en effet que l’on pourrait s’affranchir des lois de la biochimie en fabriquant des êtres non organiques et en remplaçant les neurones par l’intelligence artificielle. Le bonheur, je vous dis !