Le retour aux sources du mal
Il est important de rappeler que cette pandémie est une zoonose, une maladie issue du monde animal, et que nos modes de vie, basés sur une consommation à tout-va, sont la cause première de sa propagation. La déforestation, l’artificialisation des sols, l’extension de l’habitat et des infrastructures provoquent des interactions de plus en plus fortes entre l’espèce humaine et le monde sauvage. Le dérèglement climatique, basé sur les mêmes causes, amplifie les phénomènes et multiplie les menaces de pandémies. Une maladie infectieuse se transmet souvent d’un animal sauvage à un animal domestique, puis à l’homme. Le développement des élevages industriels constitue un maillon favorable à cette transmission, comme on l’a vu à plusieurs reprises ces dernières années.
Les liens climat-biodiversité-pandémies sont avérés. Les phénomènes climatiques extrêmes se sont multipliés ces dernières années, avec sécheresses et incendies, pluies diluviennes, tempêtes et aussi variations importantes sur des temps courts, comme on vient de le voir avec les gels tardifs de début 2021. Ces phénomènes ont des conséquences en termes de sécurité alimentaire et génèrent des déplacements de populations et des migrations difficiles à gérer, mais aussi de possibles pénuries chez nous. Le dérèglement climatique exerce donc une pression accrue sur la biodiversité et la santé humaine, avec des conditions favorables à la progression de virus comme celui de la dengue, par exemple, dont le moustique porteur prolifère avec le réchauffement de certaines contrées.
Concernant la biodiversité, depuis 1970, plus de 60 % des animaux sauvages ont vu régresser leurs populations et actuellement, on considère qu’un million d’espèces sont menacées d’extinction ! De ce fait, une épidémie peut d’autant plus passer d’animal en animal, puis à l’homme. De plus les prédateurs comme le lynx ou le loup, par exemple, se raréfient alors qu’ils contrôlent les populations de petits rongeurs, porteurs de microbes divers. Les zones tropicales, qui présentent la plus grande vulnérabilité au climat, sont les plus concernées (l’équivalent de la surface des Pays-Bas a été détruit en 2020 !), les espèces tropicales étant peu tolérantes aux variations de températures. Ces effondrements de la biodiversité, déjà en cours pour les forêts tropicales du fait de l’agriculture et des incendies accompagnant les vagues de chaleur, sont plus avancés encore pour les milieux marins, avec notamment le blanchiment des coraux, catastrophique pour la faune marine. Il s’agit là d’une triple crise climatique, biologique et humanitaire.
Cette pandémie de la Covid-19 peut s’installer dans la durée, ou se renouveler, elle doit nous convaincre qu’il faut changer de civilisation. L’onde de choc socio-économique sera durable et cette pandémie est révélatrice des failles de nos modes de production et de consommation. Tout cela étant conjugué et simultané avec des modifications climatiques qui s’amplifient et une érosion de la biodiversité qui atteint une ampleur inattendue. La convergence de ces crises pourrait bien précipiter, par un effet domino, l’effondrement de notre société industrielle. A partir du XIXème siècle et surtout au XXème, s’est développé le credo productiviste et industrialiste. Maintenant, certains scientifiques n’hésitent plus à envisager l’apocalypse d’une société d’abondance, fondée sur une croissance illimitée dans un monde fini…
Nous basculons vers une autre époque et devons prendre garde à ne pas nous replier sur notre microcosme. Il va falloir concilier une vision universelle et planétaire avec un souci de relocalisation des productions et consommations. Rien n’est simple et tout est complexe. Les choix à faire vont être difficiles, risqués et souvent douloureux. Mais ne pas choisir serait la fin inéluctable de notre civilisation, incapable de gérer ses contradictions.
Et Toi, comment tu vas ? Est-ce que tu fais des constats de ces changements à ton échelle ?
A suivre : - La morale de l’histoire