La nostalgie des langues régionales n’est pas nouvelle, mais avec la pandémie, une relance se manifeste, avec notamment les « nouveles sirculères déroquatouères »… Plusieurs régions, dont la Normandie, ont trouvé bon de traduire les dérogations de sortie en langue régionale. Comme si ce n’était pas déjà assez compliqué. C’est drôle certes, mais un peu ringard et surtout… très approximatif. Il est vrai que la campagne électorale en cours pour les élections régionales a bien besoin de relancer l’intérêt du public ! Mais de là à prétendre enseigner la « langue normande » à l’école…
Sauvegarder le patrimoine culturel régional, y compris les langues anciennes, est une bonne idée pour les chercheurs ou amoureux des mots, mais est-ce bien raisonnable que de vouloir remettre cette prétendue langue en avant pour l’expression de tous les jours ? On ne peut pas parler de langue régionale à propos du Normand. Déjà, en 1978, dans le livre « Normandie », le Caennais René Lepelley, linguiste français et spécialiste de dialectologie l’affirmait : « Si un certain nombre de ruraux utilisent encore le patois dans les rapports qu’ils entretiennent à l’intérieur de leur petite communauté, il serait faux de penser qu’ils parlent le patois normand. Il n’existe pas en effet un patois normand, mais un grand nombre de parlers locaux qui présentent entre eux de nombreuses ressemblances, mais aussi des divergences sensibles, tant dans la forme et la prononciation des mots que dans le choix du vocabulaire. » (Jean-Robert Ragache, René Lepelley, Jacques Henry, Michel Lerond, Gabriel Désert, Jean-Jacques Bertaux.- Normandie.- Paris, éditions Bonneton, 1978.- 363 p.- Livre réédité en 1986 puis 2001 !)
En somme parler Normand est un bon truc… pour ne pas se comprendre. A moins de rester entre soi dans son petit milieu confiné… à une époque où plus que jamais il faut échanger pour mieux se comprendre !
Pour ma part, moi qui suis un Terrien, je me permets d’insister, en langue terrienne universelle (Proposition N° 93 de « Les clés de notre avenir » - Persée, 2020) : Be cautiously for you and look at the future with eyes well open !
Sans omettre pour autant de conserver ma langue maternelle : Prenez bien soin de vous et regardez l’avenir avec les yeux bien ouverts !
Quant à la « langue normande » : Occup’ tai de tai et pis r’gade ben d’vant tai pou aller pu loin !
Comprenne qui pourra…