24 octobre 2021
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Pendant des siècles les activités agricoles se transmettaient de génération en génération, comme une évidence. Les choses changent et il n’est plus rare que des jeunes citadins, sans lien familial avec l’agriculture, souhaitent devenir paysans. Cela ne se fait pas sans difficulté, compte tenu des usages pour la transmission des terres, y compris en France, ce qui favorise l’appropriation des terres par les plus riches, aux dépens des petits exploitants et des jeunes qui voudraient s’installer. C’est ce qui a motivé, à une échelle locale en début de cette année 2021, la création d’un collectif de Veille citoyenne agricole et forestière brayonne afin d’alerter sur l’urgence à défendre les cultures et les paysages. Au fur et à mesure des successions, le contexte juridique spéculatif de l’agriculture favorise les céréaliers pour amener à des fermes de plusieurs centaines d’hectares, aux dépens de petits exploitants qui voudraient s’installer sur quelques hectares, pour faire par exemple du bio et mettre en place des circuits courts. Cela concerne d’autant plus les éleveurs, majoritaires en Pays de Bray, qui pratiquent un métier complexe et très prenant. Il s’agit donc pour ce collectif de « sensibiliser, informer et lever les tabous ». Cet état de fait n’est pas sans impact sur les paysages, dans la mesure où le labourage intensif réduit la biodiversité et accélère la disparition du bocage. C’est ainsi qu’en Pays de Bray, 5 % des surfaces en prairie disparaissent chaque année, haies arrachées et mares comblées pour laisser libre cours à des engins agricoles de plus en plus gros.
Actuellement, environ un tiers des créations d’activités agricoles sont le fait de personnes non issues de familles paysannes, soit un doublement en 10 ans. Ces « nouveaux paysans » sont motivés à la fois par une recherche de mieux vivre individuel, un souhait de faire évoluer la société rurale et de vivre avec la nature. Pour ces néoruraux, devenir agriculteur, c’est choisir la passion de la terre en connexion avec la nature, en somme produire soutenable. Les activités les plus recherchées sont le maraîchage, la viticulture, l’apiculture ou l’élevage ovin. Mais ce n’est pas si simple, et il faut d’abord trouver des parcelles disponibles, le premier défi à relever… On assiste ainsi à un renouvellement des générations agricoles, à l’apparition d’un nouveau visage de l’agriculture française, ce qui est bien encourageant pour l’avenir au moment où 1/3 des agriculteurs se préparent à prendre leur retraite d’ici 2023…
C’est dans cet esprit qu’un projet de loi est à l’étude pour lutter contre l’accaparement des terres et récupérer du foncier pour l’installation des jeunes. D’ores et déjà, le collectif de Veille citoyenne agricole et forestière brayonne contribue à sensibiliser sur cette question et assister les nouveaux exploitants. Il y a urgence !
Published by Michel Lerond