Pendant des siècles, alors que certaines civilisations non occidentales vivaient dans un système où l’homme faisait partie de la nature et où leur séparation n’aurait eu aucun sens, notre monde occidental a vécu dans un dualisme opposant la nature et la culture, encouragé en cela par certaines religions : « croissez et multipliez ». Sous la dominance du monde occidental, ce système de pensée a largement gagné toute la planète, avec cette idée centrale que l’homme était maître du monde et pouvait user de la nature sans limite. On mesure maintenant les dégâts de cette idée fausse, et l’ancien concept de la nature est maintenant obsolète. Bien que cette consommation à tout va ait permis une certaine prospérité à de nombreuses populations, notre système semble bien dans l’impasse.
Comment faire pour garder les acquis des siècles passés, sans détruire la planète ? Ne serions-nous pas devenus trop dépendants de la technologie et des consommations abusives qu’elle suscite ? Il nous faut trouver une nouvelle façon d’habiter la Terre. Nous sommes dans une illusion d’autonomie, alors que nous sommes très liés aux écosystèmes. Nous devons changer de culture à l’égard du monde non humain. Il faut réapprendre, à vivre mieux avec les plantes et les animaux. Il faut écouter fraternellement le monde vivant. Ce changement de paradigme ne signifie aucunement un retour à l’état sauvage, mais plutôt une élévation vers plus de bon sens, d’intelligence, de solidarité humaine. Bien au contraire, ces évolutions importantes vont nécessiter plus de connaissances de notre milieu de vie, plus de science et donc la mémoire du passé, qu’il s’agisse de succès ou d’échecs. La crise de la Covid-19 que nous traversons a une vraie dimension scientifique en ayant démontré que, devant l’urgence, des vaccins ont pu être créés très rapidement pour faire face au Corona virus.
Il s’agit donc maintenant de sortir de notre pensée étriquée, de considérer ce qui nous entoure, de procéder à un remaniement de notre rapport au monde. Pour ma part, je veux continuer à habiter la Terre ! Cette idée me poursuit depuis les années 1960 : « J’avais alors le souci de définir le naturalisme. L’homme est issu de la nature et ne peut vivre sans elle. C’est donc la preuve que la nature doit être prise pour première référence aux choses de la vie. C’est cela le naturalisme, admettre l’unité et la diversité du monde naturel. Je pensais que ce n’était pas obligatoirement avoir des connaissances abondantes et précises en histoire naturelle, mais peut-être plus simplement une façon de penser et d’agir en fonction de la nature, en accord avec elle. ». (Faire passer le message- Persée, Paris, 2018.- 158 p. - 14€20).