23 janvier 2022
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Par le passé, lorsque l’on prononçait les mots campagne ou rural, on pensait d’abord agriculture et paysans. Mais voilà, l’agriculture a bien changé et la campagne n’est plus ce qu’elle était ! En effet, l’agriculture française a perdu 100 000 agriculteurs au cours des 10 dernières années. Dans le même temps, on a assisté à la disparition d’un cinquième des exploitations (389 000 contre 490 000 il y a 10 ans) et à la concentration de celles qui restent (on est passé de 14 à 69 hectares en moyenne). L’élevage connaît un fort déclin (- 31 %) ainsi que la polyculture, à l’inverse des grandes cultures (surtout céréalières) qui connaissent une forte croissance. Les petites exploitations sont devenues rares alors que les grandes exploitations font 136 ha en moyenne et représentent 40 % de la surface agricole utile qui, elle, est restée la même. Le mal être paysan, les coûts d’exploitation et la PAC qui favorise les grandes exploitations, expliquent ces évolutions. Un point positif cependant avec la part des exploitations bio qui est passé de 3,7 à 12,1 %.
Ces transformations profondes font que dans la population rurale, les agriculteurs sont très minoritaires et que les paysages offrent surtout des champs ouverts, plutôt que des prairies et petites parcelles… La campagne a bien changé ! Mais voilà que, fait imprévu, la pandémie de Covid-19, les confinements et le télétravail ont entraîné le déménagement de nombreux Français des grandes villes vers les petites villes et villages. Avec bien sûr avantages (cadre de vie et calme) et inconvénients (une intégration qui ne s’improvise pas)… C’est ainsi qu’en 2021, 19 % des Français souhaitaient quitter la ville surtout pour un meilleur cadre de vie (21 %), pour la proximité avec la nature (14 %) et aussi le prix de l’immobilier (13 %). Tout cela avec parfois un peu de précipitation, sans considérer la proximité, ou pas, des services ou de l’emploi. Le fantasme de la maison perdue dans la campagne a la vie dure, mais il faut aussi savoir qu’elle va parfois avec le chant du coq et les odeurs de fumier… ce qui peut générer des conflits d’usage, notamment avec les agriculteurs et les pratiques rurales.
Revenir à la campagne, c’est très bien, mais plutôt en néoruraux soucieux de leur intégration plutôt qu’en migrants conquérants. Revenir à la campagne ce n’est pas obligatoirement s’enfermer derrière des murs végétaux de thuyas ou lauriers, ou pire des toiles plastiques. Ce peut être aussi découvrir et comprendre les activités des voisins, choisir un emploi lié à l’agriculture, participer à la vie villageoise, faire ses courses dans les lieux de vente de proximité, aller voter, bref s’intégrer dans un nouveau contexte, avec le souci de sociabilité. Voilà une belle opportunité pour renouveler la ruralité et y apporter davantage d’ouverture sur le monde extérieur.
Published by Michel Lerond