Nous y voilà : en France les élections présidentielles auront lieu dans 6 semaines. Des sondages prévoient un taux d’abstention jamais atteint, de l’ordre de 30 % pour l’ensemble des électeurs et de 45 % chez les jeunes ! Est-on encore en démocratie lorsqu’un tel pourcentage de la population refuse le droit de décider de son avenir ?... On peut invoquer toutes les raisons que l’on veut à cette désaffection, mais les politiques, les candidats et les électeurs, nous-mêmes, sommes-nous à la hauteur des enjeux énormes qui sont devant nous ?
Certes la démagogie, le nationalisme, le sectarisme, autant de valeurs du passé et complètement obsolètes, sont les premières affichées. Mais nous, les électeurs, avons-nous des attentes claires sur notre avenir et celui de nos successeurs ? Avons-nous su faire passer le message aux politiques sur les vraies préoccupations, au-delà de nos petites querelles de voisinage, nos rouspétances récurrentes, nos envies de toujours plus de droits sans y adjoindre les devoirs ?… Devant ce constat, force est de constater que face aux crises environnementales, les candidats à la présidentielle sont largement dans le « discours de l’inaction », comme l’ont souligné 1 400 scientifiques (de toutes disciplines) qui ont publié une tribune le 1er février 2022 à propos de « l’absence de débat démocratique… sur les bouleversements en cours et à venir, qu’ils concernent le climat, l’océan, la biodiversité ou les pollutions ».
Les diverses crises environnementales annoncées pour les horizons 2050 ou 2100 sont en fait déjà là et le prochain(e) Président(e), quel(le) qu’il(elle) soit devra prendre des décisions importantes, notamment socio-économiques, difficiles à faire accepter. Certes, les choix à opérer quant à la transformation de notre monde sont complexes et nécessiteront des remises en cause difficiles, c’est pourquoi il faut en débattre de façon contradictoire et éclairée avec le souci du bien collectif, plutôt que ressasser les vieilles lunes qui ont saccagé notre planète. Ce débat devrait être d’autant plus d’actualité que l’environnement devient une préoccupation majeure des Français, notamment en matière de climat. Le monde agricole prend conscience de sa vulnérabilité grandissante face au dérèglement climatique ; des entreprises et des collectivités développent des politiques nouvelles, autant de témoignages d’une prise de conscience et d’une capacité de mobilisation. Face à cela, la plupart des candidats à la présidentielle sont restés coincés sur les notions de production, consommation, croissance, modèles du monde d’avant… et donc l’abstentionnisme progresse !
Les défis à relever concernent surtout la diminution des GES et la préservation du vivant, mais aussi les modalités d'adaptation, la juste répartition des efforts, la solidarité entre générations ou entre territoires et concernent donc une multitude de sujets. Encore faut-il que les électeurs puissent décider en connaissance de cause. Les candidat(e)s à l'élection présidentielle doivent donc être interrogé(e)s, sur toutes ces questions, par nous-mêmes électeurs et aussi par les journalistes, trop souvent formatés pour le scoop et la polémique…