La vie n’est pas un long fleuve tranquille et parfois les repères nous manquent. En un siècle, le monde et la vie ont considérablement changé et les plus anciens peuvent témoigner de ces évolutions, et en tirer des enseignements pour les plus jeunes. Les centenaires étaient une centaine en 1900 en France, autant dire une infime minorité. Ils sont maintenant un peu plus de 26 000 ! S’il fallait une preuve de l’allongement de l’espérance de vie… L’intergénérationnel peut avoir son intérêt pour construire l’avenir, le sien propre et celui de la société. Ecoutons les anciens, ils peuvent éveiller la conscience des jeunes pour les aider à baliser leur avenir.
De multiples enquêtes interrogent les anciens pour leur faire dire ce qui a marqué leur vie et ce qu’ils retiennent comme stratégie du bonheur. Ainsi certaines études démontrent qu’un engagement, la poursuite assidue d’un objectif, maintient en vie. Tout est possible, certaines personnes âgées par exemple, se maintiennent grâce à l’écriture, faisant « leur page » chaque matin, avec biographie ou simple carnet de notes. Avoir un but dans la vie, quel qu’il soit et à tout âge, est une première nécessité. Inversement, on peut penser que renoncer nous affaiblit. Les optimistes auraient 40 % de risques en moins de contracter des maladies cardio-vasculaires. Le premier objectif de la vie, c’est de survivre. Comme dit l’autre « si tu aimes la vie, elle t’aimera ».
Une bonne garantie du prolongement de la vie, c’est aussi la contemplation de la beauté. Ce peut être la beauté de la poésie, mais aussi bien sûr de la nature avec les arbres, les fleurs ou les papillons. Si la religion peut constituer un bon antidépresseur, la nature est bien le créateur premier et éternel de toute chose. Pour supporter la vie, avec ses heurts et malheurs, sans doute faut-il « organiser sa mort », préparer son départ, c’est à dire savoir ce que l’on a vécu de beau, ce que l’on a fait de bien et ce qu’on laisse derrière nous à nos successeurs. Pour cela nombreux sont les anciens qui ont recours à la méditation. Ils méditent pour tirer le meilleur d’eux-mêmes, et sans égoïsme, rester attentif aux autres sans rien en attendre. Repenser à ses bonheurs passés permet de vivre encore heureux. Cette méditation peut être accompagnée d’exercices de respiration pour « reprendre son souffle ». Comme disait le dramaturge René de Obaldia : « Pour devenir centenaire, il faut commencer jeune »… La vie est aussi une contemplation.
Devant les bouleversements de la société opérés en un siècle, les anciens ne peuvent cependant pas rester figés sur leur passé. Il est advenu de belles choses « mieux qu’avant », mais aussi des moins belles, comme des évolutions sociétales qui nous font souvent penser au « Meilleur des mondes », le roman d’Huxley publié en 1931, où tout est programmé avec des hommes déconnectés de leur humanité. Les plus âgés, qui ont vécu bien des périodes difficiles, avec la grippe espagnole, la guerre mondiale ou d’Algérie se désespèrent des Français râleurs qui ne savent que quémander auprès de l’État pour plus de pouvoir d’achat mais sans se poser la question de ce qu’ils apportent, eux.
Avoir un objectif, contempler la beauté et repenser à ses bonheurs passés, voilà un bon guide ! Ainsi les plus âgés nous font bénéficier d’un regard rétrospectif qui peut guider les plus jeunes dans un monde complexe peu propice à trouver facilement la bonne voie.