Par essence même la ville a toujours été peu ouverte à la nature. Les jardins et parcs urbains ont compensé ce manque, surtout à partir du 19ème siècle. Mais voilà que les choses changent : devant la demande des citadins et la nécessité de réduire les pollutions et freiner le dérèglement climatique, la nature revient en ville et progresse en étant une constituante forte de l’urbanisme. Les exemples se multiplient de villes qui annoncent un avenir meilleur en recherchant une cohabitation entre habitat et activités économique et nature.
La renaturation des villes est devenue une évidence parce que la plupart des citadins et des responsables de l’urbanisme sont conscients des services que nous rendent les végétaux, que ce soit dans le domaine de la santé, de la gestion de l’eau ou de la capture de gaz carbonique. L’impact positif le mieux perçu est certainement le rafraîchissement des villes qui, on en est sûr maintenant, vont être de plus en plus chaudes. Pour autant il n’est pas toujours simple de passer des intentions aux actes, le foncier urbain étant cher et la reprise d’aménagements anciens n’étant pas toujours aisée. Néanmoins les choses avancent et en quelques décennies on est passé des plates bandes géométriques à une végétation plus spontanée et diversifiée, en portant attention aux espèces locales plutôt qu’exotiques. C’est ainsi que la ville peut conserver un lien avec sa région.
Cette évolution demande des explications et de la concertation afin d’associer le plus possible les habitants, souvent conditionnés à une « ville propre ». La diversité des arbres ou les petites prairies de fauche avec coquelicots et graminées attirent les papillons et les oiseaux. On peut aller plus loin encore avec des corridors écologiques qui nécessitent un choix politique fort. C’est ainsi qu’à Rouen, dans les années 1990, j’avais essayé de convaincre de la nécessité de réaménager les axes routiers du Port sur la rive gauche pour en faire un élément d’une coulée verte qui traverserait l’agglomération rouennaise du nord-est vers le sud-ouest. L’idée fut accueillie… poliment. Depuis, le projet s’est concrétisé en partie, dans le Port lui-même, complété par l’aménagement des quais de la Seine dans Rouen et le parc naturel urbain sur les vallées du Robec et de l’Aubette. A Rouen encore, la Métropole est en train d’aider à la création d’une ceinture verte pour favoriser l’installation d’exploitations maraîchères avec l’objectif de relocaliser 10 % de la production de légumes sur son territoire, soit 900 hectares supplémentaires, bel exemple de cohabitation entre la ville et des cultures.
Dans la capitale, la ville de Paris vient de dévoiler son plan de transformation du boulevard périphérique afin de garantir une meilleure qualité de vie aux 500 000 riverains en réduisant les pollutions sonores et atmosphériques. Pour ce faire il est prévu de réserver une voie au covoiturage et végétaliser les talus, le terre plein central et les bretelles d’accès. 50 000 arbres au total seront plantés, dont 18 000 sont déjà en place depuis 2020. Des petites villes s’y mettent aussi, comme Gamaches dans la Somme qui crée un square et remet au jour la rivière la Vimeuse, avec un cordon végétal d’essences locales. Et quand, en plus, les jeunes s’y mettent, l’avenir devient vert. Ainsi des étudiants de l’Université de Rouen Viennent d’installer 80 nichoirs à oiseaux sur le campus pour sensibiliser à la nature et son rôle pour le retour de la faune sauvage.