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  • : Le blog de Michel Lerond
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  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

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17 juin 2022 5 17 /06 /juin /2022 11:21

           L’incendie de Lubrizol, à Rouen le 26 septembre 2019, a marqué une étape dans la relation entre la population et les élus avec les sites Seveso. Presque trois ans plus tard, avons-nous vraiment progressé en matière de culture du risque  lié à l’industrie ? Dans ce domaine, comme bien d’autres, une certaine insouciance est de circonstance tant que tout va bien. Mais au moindre pépin, c’est un déferlement de critiques à tout va et d’insultes par certains citoyens ou élus, alors qu’il faudrait peut être commencer par le début. En effet, à quoi sert cette entreprise qui vient de connaître un incident ? Que fabrique-t-elle ? A quoi nous servent ses produits ? Quels sont les risques qu’elle génère et quelles mesures prend-elle pour les limiter ? C’est en fonction de ces premières réponses que l’on prend conscience des enjeux et des dispositions à prendre avec un respect mutuel des habitants, des élus et des acteurs économiques. C’est ensemble que l’on peut avancer sur la culture du risque pour aller vers une harmonisation des pratiques.

Concernant Lubrizol, il aurait été opportun de rappeler à l’occasion du débat polémiste qui a suivi l’incendie certains faits qui montrent que les industriels, même pollueurs, ne sont pas forcément des gens qui méprisent la population pour ne voir que leur profit… En effet, l’entreprise Lubrizol s’est installée à Rouen en 1953, dans un contexte urbain bien différent de l’actuel, pour y fabriquer essentiellement des additifs pour les huiles moteur, ce qui nous permet maintenant de faire la vidange de notre voiture tous les 20 000 km au lieu des 5 000 km autrefois. C’est dès le début des années 1990 que l’entreprise de Rouen, consciente de ses nuisances, a mis en place un Comité de riverains se réunissant deux fois par an afin d’échanger avec la direction de l’entreprise, expérience restée unique au plan national. C’est dans ce cadre, compte tenu des incidences connues de leur entreprise en matière d’émissions de nuisances olfactives, qu’ont été mis en place des olfacteurs chargés d’alerter en cas d’odeurs suspectes. Ce dispositif a été repris ensuite par Air Normand (devenu aujourd’hui Atmo Normandie).

Tout accident industriel est évidemment très regrettable, mais l’incendie de Lubrizol aura permis de relancer la réflexion sur la sécurité. C’est ainsi qu’a été créée une association qui regroupe le Port de Rouen et une quinzaine d’industriels pour mutualiser les approches et renforcer la transparence de l’information vers la population. La Métropole Rouen-Normandie et l’Université de Rouen ont mis en place une étude visant à mettre en place une instance de dialogue sur la sécurité industrielle à l’échéance de fin 2022.

En France la politique de prévention des risques industriels existe depuis une quarantaine d’années, avec des lacunes certes, mais on avance ! Il serait urgent de procéder de même dans d’autres domaines, comme les transports et l’agriculture intensive. Il reste à assurer un dialogue serein entre tous les acteurs concernés et là il y a encore du boulot !

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commentaires

H
Bonjour, votre article est intéressant. Lubrizol n est certainement pas le pire des élèves. Cependant, et malgré les services qu ils rendent a la population par leurs produits, cela ne lui octroie pas un "droit a polluer". Il serait surtout correcte de leur part d assumer le préjudice qu ils ont créé, chose qui est loin d etre le cas. Quand a la culture du risque, elle ne sera jamais a la hauteur tant qu on ne sanctionnera pour leurs méfaits les "récidivistes de l industrie" qui polluent et mettent en danger la vie des populations, que l on punie a coup de 1500 euros. Ne soyons donc pas trop bienveillant et compréhensif envers la chimie sous pretexte qu elle nous sert dans la vie de tout les jours. Ils existent, nous cohabitons, parfait, mais qu ils se mettent au pas et respectent ceux qui les entourent ! Ps : ce n est certainement pas avec un lobbyste comme Regis Saadi a la tête d UPSIDE et France Chimie Normandie que les choses changeront dans le bon sens.<br /> Une dernière chose : ils n ont pas versé 1 euros pour le désagréments olfactif et toxiques qu ils ont fait subir aux riverains de l usine. Même pas une réunion avec des excuses publiques...
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M
Merci Christophe Holleville de votre message. Globalement je suis d'accord avec vous, ou quasiment, sur le fond de votre argumentaire. Dans la chronique de mon blog, je voulais surtout attirer l'attention sur la forme. En effet, je suis assez exaspéré de cette agressivité qui régit les questions environnementales... Je souhaiterais plus de dialogue, de discussion et si possible en connaissance de cause. Ce qui est loin d'être le cas la plupart du temps. <br /> Cela dit, je sais combien ces questions sont difficiles à appréhender et à gérer avec calme. Après plus de 60 ans d'investissement dans le domaine de l'environnement, je me force un peu pour rester optimiste...<br /> Continuez votre combat, en n'oubliant pas qu'il y a souvent des différences entre les réalités techniques ou scientifiques et le ressenti de la population. D'expérience je peux vous l'assurer, les questions environnementales ne sont JAMAIS simples. Bon courage.<br />