Réorienter la gouvernance.
L’enjeu est donc d’abord de convaincre de la réalité de la crise profonde à laquelle nous sommes confrontés, face à un aveuglement qui persiste chez certains. Si de plus en plus de personnes sont conscientes du dérèglement du climat, bien peu sans doute admettent la relation avec nos modes de vie et notre implication personnelle, préférant faire l’autruche devant des défis qui nous dépassent. On imagine des solutions, mais que devient alors l’économie, et notre pouvoir d’achat, et nos libertés ? Nous allons en effet devoir affronter les évolutions climatiques avec leurs conséquences sur notre vie quotidienne, notre agriculture et donc notre alimentation ; l’érosion de la biodiversité et le développement potentiel de pandémies qui y sont liées ; et accessoirement l’explosion du numérique et de l’intelligence artificielle qui nous apportent beaucoup mais déshumanisent nos sociétés. Ne rêvons pas, il y aura des restrictions indispensables de nos consommations. Ces défis sont immenses, redoutables, mais aussi enthousiasmants puisqu’il s’agit d’assurer la survie de notre espèce en trouvant d’urgence des solutions pour stopper cette menace imminente à laquelle nos sociétés ne sont pas préparées. Il faut réinventer le monde, en peu de temps, avec un esprit de solidarité et de partage. Cela nous concerne tous, collectivement et individuellement, vous et moi. Pour refaire le monde, il va falloir imaginer un nouvel art de gouverner.
La question fondamentale pour les prochaines décennies, ou même les prochaines années, va être celle du « comment faire » sur les plans écologique, démographique et démocratique. Pour chacun de ces cas il y a urgence face à la dégradation de notre milieu de vie biologique, le nombre trop important de consommateurs sur la Terre et la gestion difficile de sociétés contraintes à des restrictions de toutes sortes. Cette transition va devoir reposer sur des mesures d’atténuation pour limiter l’impact des déséquilibres écologiques, stabiliser la population terrestre et calmer les colères sociales. Mais il faudra aussi des mesures d’adaptation face à des dérèglements, en particulier climatiques, qui vont demander des décennies, au moins, pour retrouver un équilibre.
La transition à opérer va donc être double afin de vivre dans la sobriété et avec des activités résilientes pour affronter les crises et évènements violents comme les catastrophes climatiques qui vont s’amplifier, les migrations de population qui vont prendre de l’importance et les colères sociales de populations refusant les restrictions. Il faut donc inventer une nouvelle gouvernance, ce qui signifie d’abord formation des élus et de toute la fonction publique pour mieux appréhender les connaissances de base, de façon globale et transversale et non plus segmentée, mais aussi information du public. Les décisions doivent suivre, par exemple, pour abaisser la vitesse sur les routes, interdire certains transports par camions, interdire la vente de produits polluants etc. C’est un changement civilisationnel qui est à opérer, avec beaucoup de tact. Cela inquiète de plus en plus, les jeunes en particulier, mais il y a urgence. C’est maintenant où jamais qu’il faut y aller, sinon c’est ensemble que l’on va casser la baraque ! Un espoir : le 28 juin dernier, les dirigeants du G7 ont annoncé la création d’un « club climatique » afin de coordonner et renforcer la lutte contre le changement climatique. Foutaise démagogique ou réelle prise de conscience ? Que les vacances nous permettent de réfléchir à notre avenir !