Sitôt les élections législatives de juin passées, 154 députés ont été « formés » à la transition écologique en une vingtaine de minutes. C’est une démarche inédite en France qui a constitué une première étape vers une formation soutenue des parlementaires. 154 députés sur 577, ce n’est qu’un bon quart de l’hémicycle, mais c’est un bon début pour cette démarche nouvelle. Quelques minutes, c’est un peu court, mais il s’agissait d’une initiation qui appelle des développements. Ce dialogue entre scientifiques et parlementaires a permis de dispenser une formation de base sur les enjeux du climat et de la biodiversité. Ceci afin que les élus prennent en compte davantage les enjeux écologiques dans leurs votes, notamment sur la base du dernier rapport du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat). Voilà une belle initiative !
Cette expérience n’est qu’une première étape, en souhaitant que cette initiation puisse être approfondie, au sein de l’Assemblée, mais aussi du Sénat. Il a été évoqué l’idée de proposer cette formation également aux élus du conseil de Paris. On peut d ‘ailleurs imaginer qu’elle serait bien utile à tous les élus de toutes les collectivités, régions, départements, intercommunalités. Il y a tant à faire !
Le plus souvent, les parlementaires rechignent à prendre des mesures efficaces face à l’urgence climatique compte-tenu de leur méconnaissance des enjeux et des solutions à y apporter, ce qui rend indispensable une sensibilisation sur le sujet, tant le manque de décisions impacte à la fois l’économie, la vie quotidienne et surtout l’avenir de notre civilisation. Il s’agit de regarder en face les réalités du terrain et de répondre aux attentes de la société, c’est bien là le minimum que l’on puisse attendre d’un élu. Cette formation requière, bien sûr, une approche pluridisciplinaire et non pas centrée sur la seule économie et la croissance, avec beaucoup de pédagogie.
Toutefois on peut se demander si l’absence de décisions à la hauteur des enjeux écologiques s’explique seulement par un manque de connaissances. Il s’agit sans doute le plus souvent d’un choix politique assumé afin de ne pas bousculer le modèle économique dans lequel nous vivons… On peut donc imaginer aussi une sensibilisation qui rappellerait que l’on parle sans cesse d’économie, mais sans jamais se préoccuper, ou si peu, ni de la genèse ni de la prospective de ces questions. Pourtant les mots économie et écologie ont la même racine signifiant l’étude des êtres vivants dans leur milieu d’une part et l’administration de la maison d’autre part. Il serait donc logique que l’on se préoccupe d’abord d’écologie, puis en fonction de l’état des lieux, que l’on « administre la maison ». Il faut d’abord assurer les besoins primaires avant d’envisager autre chose. Il nous reste à inventer une social-économie et intégrer ce concept dans la formation en cours afin de la rendre encore plus efficiente.