Voilà bien longtemps que l’on sait combien la pollution de l’air est préjudiciable à la santé et que l’on souhaite que soient prises des mesures pour la réduire, celle-ci venant de différentes sources dont la circulation automobile. Comme très souvent tout le monde s’accorde sur les principes de réduction de la pollution et en accepte la mise en œuvre… pourvu qu’elle ne soit pas contraignante. Et donc la mise en place des vignettes Crit’Air ne se fait pas sans quelques grincements, après déjà 6 ans d’existence.
C’est en effet un arrêté du 21 juin 2016 qui a créé la classification des véhicules selon leur degré de pollution atmosphérique. A chaque véhicule est attribuée une vignette Crit’Air, ou certificat de qualité de l’air, qui visait à accorder des avantages de circulation aux véhicules peu polluants. La loi d’orientation des mobilités, du 24 décembre 2019, a institué des ZFE-m (Zone à faible émission de mobilités) afin de protéger la santé des habitants des villes et métropoles où la pollution de l’air est importante. Dans ces zones, seuls les véhicules les moins polluants peuvent circuler. La loi Climat et résilience du 22 août 2021 a étendu cette obligation à toutes les métropoles afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et donc les impacts sur le climat, en terme de réchauffement. Les ZFE-m concernent huit agglomérations : aux premières pour Paris, Lyon et Grenoble se sont ajoutées Rouen-Normandie, Reims, Nice-Côte d'Azur, Toulouse et Saint-Etienne. On en est maintenant à près de 23 millions de certificats Crit’Air délivrés selon 6 classes en fonction du niveau de pollution des véhicules. Le but est d’encourager l’acquisition de véhicules peu polluants qui peut être aidée par des primes à la conversion (jusque 5 000 €) attribuées par l’État. Cette démarche est donc à saluer dans la mesure où, enfin, sont prises des mesures efficaces pour réduire la pollution de l’air et avec des aides conséquentes. Mais…
Mais ces derniers temps, les ZFE-m sont revenues dans l’actualité tant elles posent des questions en matière de pouvoir d’achat. En effet, changer de voiture n’est pas facile pour tous, même avec une prime, tant les déplacements notamment pour aller travailler, sont devenus conséquents et onéreux. Bien sûr ces mesures sont en cours depuis six ans, mais l’information a été largement insuffisante sur cette évolution et fort peu médiatisée, ce qui met nombre d’automobilistes devant des interdictions qu’ils n’avaient pas imaginées et les amendes qui vont avec. Selon une enquête de l’Institut CSA, 37 % seulement des Français connaissent les ZFE-m et la vignette Crit’Air. C’est bien peu ! Voilà un vrai défi social que de prendre les mesures nécessaires pour améliorer notre environnement, mais aussi de faire accepter ces mesures en les expliquant suffisamment en temps opportun et en les resituant dans un contexte socio-économique plus approprié. C’est un sacré changement à opérer ! Ceci d’autant plus qu’au 1er janvier 2024 les ZFE-m s’étendront à toutes les villes de plus de 150 000 habitants, avec des restrictions plus sévères. Nous souhaitons tous que notre environnement soit préservé et amélioré, que notre santé soit privilégiée, cela nécessite aussi notre implication personnelle, dans un contexte de tolérance et de re-fondement de notre société. Il faut s’attendre, par nécessité, à des mesures de ce genre, de plus en plus contraignantes, d’autant plus lorsque l’on constate que la France vient d’être condamnée par le Conseil d’État à une astreinte de 20 millions d’euros pour ne pas avoir agi assez rapidement contre la pollution de l’air !...