Face à la problématique du dérèglement climatique, la transition énergétique est en cours, nous assure-t-on. Mais sais-t-on vraiment où l’on va ? La continuité du nucléaire semble assurée puisque le projet d’EPR2 à Penly en Seine-Maritime est quasiment lancé… alors que l’EPR1 de Flamanville (Manche) n’est toujours pas opérationnel et avec des coûts explosés par rapport aux prévisions. Certes il est prévu un débat public de quatre mois pour préciser les conditions de mise en œuvre. Mais cela résoudra-t-il les questions de fond qui demeurent quant à la soi-disant « indépendance énergétique » quand la France importe tout l’uranium… Et la sécurité et le devenir des déchets, et le fait que la moitié de nos réacteurs soit à l’arrêt ?… Quant à la rentabilité de l’opération, mieux vaut peut-être oublier la question ! De leur côté les énergies renouvelables se développent, peut-être pas au rythme attendu, mais on progresse. Avec toutefois de nombreuses questions qui demeurent quant au recyclage des pales d’éoliennes ou des panneaux solaires. Quid de l’énergie hydroélectrique avec les sécheresses aigües que nous connaissons maintenant ? Pourquoi si peu d’investigations sur les centrales marémotrices ou la géothermie ?
Mais voilà la solution qui va nous sauver, la filière hydrogène ! Le coup est parti avec des milliards d’euros à la clé. Comme pour le nucléaire, on repart à fond avec bien des avantages puisque cette technologie ne produit ni polluant, ni gaz à effet de serre. On suppose donc que sont résolues les questions difficiles de la consommation d’énergie fossile pour produire l’hydrogène et les risques liés au stockage… Pas si sûr. Souvenons-nous des agro-carburants pour lesquels on a un peu « oublié » qu’ils nécessitent beaucoup d’énergie fossile pour leur production et qu’ils encouragent l’agriculture industrielle avec arasement des haies et retournement des prairies et donc avec quelques conséquences pour la biodiversité et le climat !
Certes rien n’est simple en ce domaine et il faut viser la diversité des solutions pour parvenir au fameux « bouquet énergétique ». Mais ce qui désole c’est le constat de décisions qui manquent de recul et d’évaluations larges et pluridisciplinaires. Cette prétendue transition énergétique donne l’impression de brouillon, comme si les décisions étaient prises en fonction des milliards disponibles auprès d’investisseurs obnubilés par la croissance et la rentabilité à court terme. Et malgré tout cela, on nous promet pour l’hiver prochain des restrictions d’électricité aux conséquences non encore évaluées, mais sans doute redoutables. Comprenne qui pourra ! N’y a-t-il pas urgence à se poser et réfléchir pour repartir du bon pied, en considérant comme objectif le bien être général et non pas le business de quelques-uns. Dans ce contexte, il faut s’interroger sur la façon dont sont prises les décisions. Il s’agit de construire une science citoyenne qui associe davantage les citoyens aux orientations de la recherche scientifique et aux décisions qui pourront en découler. C’est précisément l’objectif du programme PROMETEE de l’Institut National des Sciences Appliquées (INSA) et du Laboratoire de Dynamique Sociale (DySoLab) de l’Université de Rouen. Les chercheurs lancent un appel aux volontaires pour co-construire des choix de recherche et des processus éclairés de décision, selon un plan de travail 2022-2024 avec des résultats attendus en 2025. Voilà la voie ouverte à une transition énergétique citoyenne. Bravo pour cette première mondiale !