Le dérèglement du climat se rappelle à nous avec diverses manifestations dont les inondations. Une des plus importantes s’est produite au Pakistan en août 2022. Ces inondations ont concerné 33 millions de Pakistanais, faisant environ 1 700 morts, emportant un million d’habitations, détruisant 80 000 hectares de terres agricoles vitales et 700 000 têtes de bétail et aussi 3 400 kilomètres de routes. Un tiers du Pakistan était sous l’eau du fait de ces pluies de mousson, qui se produisent habituellement entre juin et septembre et cette fois avec une violence inégalée dans un pays particulièrement sensible, situation aggravée par un urbanisme mal contrôlé avec constructions innombrables en zones inondables. Ces précipitations ont été deux fois plus importantes que les normales de saison. En début d’année, une partie du pays avait été soumise à une vague de chaleur avec 51 degrés au sud. Voilà sans doute un exemple assez extrême des effets des modifications du climat, mais…
Tout cela est maintenant oublié, les médias n’en parlent plus et puis le Pakistan, c’est loin, c’est un pays pauvre et mal organisé… Pour autant, sommes nous à l’abri de risques similaires, ici chez nous en France, en Normandie ? Souvenons-nous de la tempête Alex d’octobre 2000 qui a frappé les Alpes-Maritimes, faisant monter le niveau de certaines rivières de 7 mètres, avec une dizaine de morts, une centaine d’habitations détruites et 70 km de routes à refaire. Le dérèglement climatique n’est plus seulement une crainte, il est devenu une réalité qui pourrait bien se banaliser compte-tenu de l’amplification des phénomènes, bien plus rapide que prévu, comme on l’a constaté souvent depuis cette année. D’où la nécessité d’être en alerte et d’anticiper.
Ce n’est pas une raison pour sombrer dans un catastrophisme stérile, pas plus que dans un déni improductif. Il convient de regarder les choses en face, avec réalisme et d’imaginer des mesures préventives puisque la réversibilité du phénomène demandera maintenant des décennies pour le moins. C’est ce qu’ont tenté des scientifiques normands (Groupement d’intérêt public Seine-Aval) afin de cerner au mieux les potentielles inondations en vallée de Seine et en particulier à Rouen. Les scénarios retenus nécessitent une prise en compte forte par les élus afin de réajuster les règles d’urbanisme, concernant en particulier les sites Seveso, dont certains pourraient subir des inondations, la hausse de la Seine à Rouen pouvant atteindre 60 cm en 2100, ce qui de fait signifierait 60 cm au-dessus des quais dans Rouen. Un consensus est acquis entre scientifiques et élus afin de repenser l’urbanisme, en particulier l’aménagement de l’éco-quartier Flaubert, le maintien en place ou déménagement de certains sites industriels et la révision du PPRI (Plan de prévention des risques industriels). Voilà bien le sens des responsabilités, bravo !
De façon plus prosaïque, la ville de Rouen réfléchit à la création d’un chemin de promenade autour de l’Ile Lacroix, de près de 3km afin de permettre la redécouverte des équipements de l’île et son histoire et aussi les différents points de vue sur la ville. Cet aménagement prendra sans doute en compte l’inondabilité de l’île, afin de garder les pieds au sec !