Une année repère, il y a 50 ans ! C’est en 1972 qu’un groupe d’experts s’est réuni autour de Dennis Meadows pour publier leur rapport « The limits to growth », les limites de la croissance, et non pas « Halte à la croissance » comme il a été dit par les médias de l’époque… Ce petit livre de 125 pages décrivait l’impact destructeur des activités humaines sur notre planète : un rapport qui modélisait les futurs possibles de l’humanité et qui fut un signal d’alarme historique, traduit en 35 langues et vendu à quatre millions d’exemplaires ! Une alerte sur les limites de notre monde basé sur une croissance infinie… Meadows présentait ainsi son rapport : « Au vu des tendances actuelles, les limites physiques à la croissance seront atteintes au cours de la vie de nos enfants. Si nous ignorons cette limite, et que nous continuons une croissance fondée sur des politiques à court terme, nous atteindrons un point de non-retour qui conduira à un effondrement. »
La publication de ce rapport, grand succès de l’édition… fut aussi accompagnée de critiques virulentes : toutes tendances politiques confondues, il était impensable de remettre en cause la croissance ! Mais voilà qu’un an après, le choc pétrolier de 1973 fait prendre conscience que le rapport Meadows n’était peut être pas une absurdité : bon sang mais c’est bien sûr, les énergies ne sont pas inépuisables ! Et là prennent naissance deux courants de pensée : on bloque tout et on passe à une croissance zéro, voire à la décroissance ou bien on revoit notre notion de la croissance et on passe à une croissance durable, donc adaptée aux ressources de la planète. Nous y voilà, on avance !
En 1992, le sommet de Rio promeut le concept de « sustainable development », malencontreusement traduit par les médias français en « développement durable », expression ambiguë. Il apparaît alors assez évident que la croissance est disproportionnée par rapport à ce que la Terre peut fournir. Puis dès le début du 21ème siècle on prend conscience qu’après une poursuite irréfléchie de cette croissance à tout va, on pourrait aller vers un effondrement…, il est donc grand temps de bifurquer ! D’alerte en alerte, le GIEC nous a informés sur les risques encourus et notamment, que nous sommes en train de déterminer le futur des jeunes générations actuelles, en utilisant l’expression « guide de survie ». Eh oui, nous en sommes là… Le dérèglement climatique en lien direct avec une croissance abusive, va en effet frapper d’abord les populations les plus pauvres, les pays du Sud, et aussi de façon plus généralisée les jeunes nés après 2010 sur toute la planète. Beaucoup d’entre nous n’ont pas conscience de ce qui est en train de se passer, mais les plantes et animaux l’ont compris et on estime à la moitié des espèces celles qui recherchent des conditions de vie plus adaptées. Sans refaire la litanie des conséquences du réchauffement climatique, évoquons seulement la fonte de la banquise antarctique en cours et qui va avoir des conséquences lourdes sur toute le monde entier : montée du niveau des océans, modification des courants océaniques et de la distribution des écosystèmes dont nous dépendons pour notre alimentation, etc.
2023, 51 ans plus tard… voilà un nouveau rapport pour actualiser les données : « Terre pour tous » (Editions Actes Sud, 2023, 303 p.) qui propose une feuille de route détaillée avec deux scénarios possibles, « Trop peu, trop tard » ou « Le pas de géant ». A chacun de nous de choisir… et en somme A demain… si vous le voulez bien !