Pour beaucoup de gens de ma génération, nés entre 1940 et 1950, les jeunes sont souvent décriés : ils ne veulent plus rien faire, ils sont très égoïstes, ils ne respectent rien… Bien sûr que ces constats peuvent être parfois vrais, mais gardons-nous de généraliser, regardons les choses de plus près, il y a de quoi reprendre confiance en l’avenir !
Quand par exemple, 70 % des jeunes Français se disent prêts à renoncer à une entreprise qui ne prend pas en compte suffisamment les enjeux environnementaux, n’y a-t-il pas un espoir ? Des enquêtes de 2023 montrent qu’un jeune sur deux pourrait quitter son entreprise dans ces situations, ce qui sent la bifurcation engagée par les jeunes, ce que n’ont pas su ou pu faire leurs parents… Le manifeste « Pour un réveil écologique » a commandé une étude à l’institut Harris à propos des liens qui existent entre la jeunesse et le monde du travail, soit un échantillon de 2 000 personnes âgées de 18 à 30 ans. Ce collectif, né en 2018, regroupe maintenant 30 000 étudiants de 400 établissements d’enseignement supérieur dans le but d’aider à une transition vers « un modèle économique durable et solidaire » en agissant sur les modalités de formation et de création d’emplois. Ce collectif a recensé les offres d’emplois dans les secteurs les plus porteurs pour une transition socio-écologique, comme l’alimentation durable, la rénovation énergétique, la transformation industrielle, etc. Ces enquêtes montrent que les jeunes restent attachés au niveau de rémunération et aux conditions de travail, mais que l’environnement qui était un sujet secondaire est devenu vital, à un niveau qui confine à l’angoisse climatique. Ainsi cette génération, soit disant paresseuse, reste attachée à la valeur travail, pour 85 % d’entre eux, en assurant qu’il tient une place importante dans leur vie. La situation est en train de se renverser et ce sont les employeurs qui doivent maintenant courtiser les employés en apportant la preuve de leur engagement environnemental. Eh ben… qui l’eut cru ?
Par ailleurs, les médias ne se caractérisent pas forcément par l’objectivité de l’information… et ainsi ils ont omis de nous signaler qu’entre 2016 et 2021, selon l’Unicef, 43 millions d’enfants à travers le monde ont été déplacés à cause du dérèglement climatique : inondations, tempêtes, sécheresses, etc. Nos jeunes, plus informés qu’on l’imagine, n’ont pas envie de vivre ces terreurs, ni de les faire vivre à leurs propres enfants. D’où cette angoisse climatique qui monte et qui les invite à réagir pour faire bifurquer notre façon de concevoir le monde.
Cette angoisse des nouvelles générations suscite la question de la descendance. Faire des enfants, ou pas ? Question bien légitime dont la réponse appartient à chacune et chacun. Faire des enfants pour les voir grandir dans un monde suicidaire, certainement pas. Mais faire des enfants pour former une nouvelle Humanité qui comprend sa relation à la nature, qui respecte le vivant et autrui, bien sûr.
Alors oui, les jeunes posent les bonnes questions et ils peuvent avoir un avenir en apportant les bonnes réponses aux questions existentielles qui se posent à nous tous.