Récemment j’ai connu une expérience toute nouvelle pour moi, la maladie. Si j’évoque cela, ce n’est pas pour raconter ma vie mais pour proposer une réflexion sur deux thèmes à propos des cancers : devant une situation qui paraît désespérée, il faut garder espoir ; et la multiplication des cancers est en lien, notamment, avec les pollutions de toutes sortes.
Je n'avais pas été malade depuis... 60 ans, quand j'ai été stupéfait, mi-novembre 2023 par une pancréatite "aigüe et atypique" qui a interpellé les médecins du CHU de Rouen. C'est là qu'ont commencé des investigations qui témoignent de la pugnacité du corps médical, ce dont je le remercie encore. Cela a abouti à ce que l'on pouvait craindre, un cancer du pancréas, mais heureusement repéré très tôt et bien localisé.
J'ai ainsi fait la découverte... de la maladie et du monde médical. Après 129 rendez-vous médicaux en 8 mois, 5 cures de chimiothérapie, une ablation d'un tiers du pancréas et 5 semaines d'hospitalisation, les résultats sont là. Les cellules cancéreuses ont été éradiquées et la chimio post-opératoire prévue annulée. Pour autant tout n'est pas réglé. Cette épreuve m'a bien anéanti et j'aurai besoin encore de nombreux mois pour récupérer. Je resterai sans doute un peu affaibli, mais en vie. Cette expérience, pour curieux que cela puisse paraître, a été enrichissante sur les deux plans que j’évoquais en introduction.
Qui dit cancer pense maladie grave et parfois, malgré les progrès considérables en ce domaine, vie en sursis, qui plus est s’agissant du pancréas, un des cancers les plus redoutables… Pour ma part, j’étais bien conscient des risques encourus, mais à aucun moment je n’ai pensé que ce serait fatal pour moi. Etrangement, je me suis mis comme entre parenthèses, une forme de déni peut être, faisant une confiance totale aux médecins et à mon corps, acceptant tout et totalement convaincu que j’allais survivre à cette épreuve ; c’est ce qui est advenu. J’ai eu la « chance » de faire une pancréatite qui a déclenché un « parcours du combattant » sans répit. Les examens répétés ont permis de localiser très tôt la tumeur maligne et de l’exterminer par des moyens puissants. Il faudrait le concours d’un psychologue pour analyser mon état d’esprit, c’est comme si je m’étais replié sur moi-même, totalement concentré sur la maladie, avec un désir farouche de surmonter cette épreuve. Quoi qu’il en soit, et le saura-t-on un jour, le fait est que devant une situation qui paraît désespérée, il ne faut pas renoncer, se battre autant que possible et garder espoir. Cela étant toutefois quasi impossible dans certains cas, hélas, quand la maladie est la plus forte.
Mais pourquoi ce cancer ? Les causes dominantes des cancers du pancréas sont le tabagisme et l’alcoolisme, sujets qui ne me concernent pas du tout. Evoquant cela avec un ami, celui-ci m’a rappelé que j’ai habité longtemps en pleine campagne brayonne : « tu étais vraiment exposé aux pesticides des terres cultivées alentour ». Va savoir, mais… Tiens donc, moi défenseur de l’environnement, victime des pesticides ! On ne le saura jamais et rien ne peut le prouver, mais l’hypothèse est plausible. Ceci d’autant plus avec toutes les études qui sont menées et qui alertent depuis des années sur le fait que la multiplication des cancers est en lien direct avec les pollutions de toutes sortes. Qu’il s’agisse de l’air que nous respirons, de l’eau que nous buvons, y compris certaines eaux minérales, de la nourriture dans une certaine proportion… tout est plus ou moins pollué ! Certes les doses sont souvent faibles mais qu’en est-il véritablement quant aux cumuls de polluants entre différentes sources et des synergies entre ceux-ci ? Notre monde est souillé à un tel point que la multiplication des cancers y trouve une explication essentielle. Là encore, sur le plan de la santé, il est urgent de bifurquer comme nous ne cessons de le rappeler, et cela concerne chacun de nous !
D’un point de vue personnel, après ce basculement de vie, je suis devenu un autre homme, et voilà que j’ai le sentiment de vivre dans un nouveau monde, avec cette ambiguïté qu’à la fois la maladie nous isole, nous soustrait du monde ordinaire et aussi nous ramène à l’essentiel, l’essence même de la vie. La vie se mène alors en direct avec le souci de se préoccuper du moment présent. La maladie est une sacrée leçon de vie.
En tant qu’humain, comme n’importe quelle petite bestiole, mon premier souci est le réflexe de survie. Eh oui, je vais survivre, me laissant porter par les personnels de la santé, omni-présents et déterminés, dans un contexte « administratif » parfois cependant un peu surréaliste. Et puis surtout j’ai réussi avec la présence et le soutien total de ma famille proche et quelques amis. Merci à toutes et tous et à très bientôt, pour une vie riche et heureuse.