Il est urgent de bifurquer pour éviter que notre civilisation n’aille dans le mur pour de bon ! Mais comment faire lorsque l’on est dans une telle urgence et devant d’énormes défis, comme notamment le dérèglement climatique ?
C’est ce qu’ont étudié les chercheurs qui ont conclut une étude internationale après avoir examiné 1 500 politiques climatiques mises en place entre 1998 et 2022 dans 41 pays. C’est dire le bien fondé de leurs conclusions. Et oh stupeur, sur ces 1 500 politiques climatiques, seules 63 sont performantes… Les plus efficaces sont celles qui combinent plusieurs mesures telles que interdictions, taxes et incitations, alors que prises isolément, ces mesures n’ont qu’un effet marginal. Par exemple, interdire les voitures thermiques ou fermer les centrales au charbon peuvent paraître des mesures fortes alors qu’elles ne présentent pas de réelle efficacité. Les chercheurs ont montré que ces mesures restent peu valables quand elles sont mises en œuvre isolément, et de plus elles doivent considérer l’ensemble de la problématique et éviter, par exemple, la caricature des voitures électriques qui ne prennent en compte que le fonctionnement de la voiture et « oublient » sa fabrication et son recyclage. L’important c’est la bonne combinaison des mesures prises, en évitant la multiplication des politiques et les mesurettes opportunistes en fonction de l’actualité du moment.
Parmi les exemples satisfaisants, on peut citer le secteur de l’électricité au Royaume-Uni où des progrès significatifs ont été constatés. Ces bons résultats ont été obtenus par l’introduction, en 2013, d’un prix plancher du carbone et par une planification de l’expansion des énergies renouvelables, des normes plus strictes en matière de pollution atmosphérique, et l’élimination progressive des centrales à charbon. Un autre exemple, dans le secteur industriel en Chine, les systèmes d’échange de quotas d’émission, complétés par une réduction des subventions aux combustibles fossiles et des incitations financières, ont considérablement réduit les émissions après quelques années. Enfin, en Allemagne, la réforme de l’écotaxe et l’introduction d’un péage pour les poids lourds constituent une autre réussite notable dans le secteur des transports qui présente le plus grand potentiel de complémentarité.
Au niveau européen, la nouvelle Commission devra proposer une initiative législative sur un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre à 2040, sachant que l’on est encore loin de la neutralité carbone. Février 2025 est la date prévue pour la publication des nouveaux engagements climatiques des Etats dans le cadre de l’Accord de Paris. Il est prévu que ces nouvelles mesures prennent en compte aussi une transition écologique des pratiques agricoles. Au niveau régional normand, la Région Normandie et l’ADEME viennent de s’engager dans un dispositif de transition écologique et énergétique avec 5 intercommunalités tests pour mettre en place des politiques d’achats responsables, la rénovation énergétique des bâtiments ou des projets d’énergie renouvelables. Plus localement encore, la com’com Inter-Caux-Vexin (55 communes entre Buchy, Martainville-Epreville et Montville) vient de prendre en main la compétence « mobilité » pour développer les alternatives au « tout voiture ».
On avance, mais il faut davantage de volonté politique et des mesures plus rationnelles pour parvenir à une efficacité réelle.