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  • : Le blog de Michel Lerond
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  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

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10 janvier 2025 5 10 /01 /janvier /2025 08:41

          Depuis 1950, en France, c’est 70 % des haies qui ont disparu des bocages, soit de l’ordre de 1,4 million de kilomètres ! Dans les années 1960-80, les haies ont régressé à raison de 45.000 km par an, puis après une accalmie pendant les années 1980-90… c’est reparti depuis 2017 !

Aujourd’hui, les arbres n’ont plus une bonne image dans le contexte agricole où la technologie est devenue omniprésente avec pilotage automatique des engins agricoles et même parfois, surveillance par drones. Depuis les années 1950 les campagnes françaises ont beaucoup évolué sous l’effet du remembrement des terres puis de la mécanisation de l’activité agricole, avec des tracteurs et matériels de plus en plus gros, nécessitant des champs plus grands et plus accessibles. Cependant, à partir de 2021 des initiatives se sont multipliées avec les ministères de l’écologie, de l’agriculture, les conseils départementaux, régionaux, et aussi les associations pour un objectif national de replantation de haies. C’est ainsi que, localement en Normandie, le PETR du Pays de Bray invite les agriculteurs à suivre une formation animée par les Chambres d’agriculture de Normandie et le Syndicat du Bassin versant de l’Arques à propos de l’entretien des haies pour stocker le carbone. Ces différentes aides publiques ont permis de soutenir la plantation et l’entretien des haies. Cependant la haie n’a pas encore acquis une reconnaissance juridique qui devrait en faire un facteur d’éco-conditionnalité indispensable au versement des aides agricoles du fait des fonctions écologiques et paysagères qu’elles remplissent. C’est pourquoi nous avons voulu en faire une haie d’honneur.

Avec son vaste bocage de l’ouest, les zones montagneuses et les vallées herbagères, la France tient une place privilégiée en ce domaine et peut montrer l’exemple. La conception du bocage, création humaine, est sans doute à repenser en fonction des évolutions de l’agriculture, afin de planter en bordure de champ ou au milieu de la parcelle. Les haies bien entretenues ont une faible emprise et un élagage régulier permet de limiter les effets de l’ombre sur les cultures là où l’ensoleillement est faible. La prise en compte des différents produits (bois de chauffage notamment) et des services (protection contre l’érosion, ruissellements et inondations, contribution à la qualité de l’eau, protection des cultures et du bétail, biodiversité et paysage, abri des prédateurs de nuisibles) que procurent les haies est une condition nécessaire pour leur redonner la place qu’elles n’auraient jamais due perdre. Ce sont là de réels bénéfices agronomiques !

        Le Pacte Haies, mis en place en France en 2023, disposait d’un budget insuffisant mais avait le mérite d’exister. Il risque d’être fortement amputé dans le cadre du budget 2025, en passant de 110 à 30 millions d’euros… Allo, allo les politiques : pour préserver le bocage il est primordial d'encourager des pratiques agricoles durables et de sensibiliser les agriculteurs à l'importance de ces haies, pour l’ensemble de la société et pour eux-mêmes.

         En plantant des haies, en respectant les écosystèmes locaux, chacun peut contribuer à la préservation de ce trésor naturel, agriculteurs et aussi nous-mêmes, en lotissement par exemple, où l’on peut planter autre chose que des clôtures en matière plastique ! Ainsi la haie ne sera plus haïe, et nous pourrons maintenant en faire une véritable haie d’honneur !

 

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