Dans les années 1980, après beaucoup d’investissement personnel, j’ai réussi à créer l’Observatoire régional de l’environnement en haute-Normandie. Ce fut très laborieux, l’idée de rassembler l’information éparse n’étant pas dans la culture du moment. A force de persuasion, je finis par obtenir des financements croisés de l’Etat, la région Haute-Normandie, le département de Seine-Maritime et la ville de Rouen. Peu après je demandais audience au Président de Région, qui me l’accorda. Il me reçut et me confia que c’était la première fois que quelqu’un venait le voir pour seulement le remercier et ne rien demander d’autre…
Très récemment, une étudiante de master à Lille me téléphone, faisant état du fait qu’elle avait découvert sur internet la mention de quelques articles sur les herbiers que j’avais publiés dans les années 1970. Elle insiste sur le besoin urgent qu’elle a de ces publications pour son stage et le rapport qu’elle doit rendre sous peu. Je ne suis pas disponible immédiatement, mais compte-tenu de son insistance, je fais les recherches nécessaires et lui fais parvenir les articles le jour même. Je suppose que son stage s’est bien terminé et que son rapport a été bien noté. En tous cas, je n’ai eu ni nouvelles, ni simple merci, ni même un accusé de réception…
Cette seconde anecdote n’est pas vraiment… anecdotique. C’est chaque semaine que cela arrive, et pas seulement avec des jeunes gens. La performance des moyens de communication a fini par faire oublier que derrière la machine il y a des individus de bonne volonté, ou bien fermés à toute entraide. On voit bien, à travers ces anecdotes, combien la société numérique modifie nos comportements en renforçant la double tendance de l’urgence et de l’individualisme.
En somme, j’ai besoin de vous, je veux cela tout de suite, gratuitement, et je n’ai de merci à dire à personne. Bienvenue dans le monde de la communication !