Vous roulez sur la route droite et plane, en sifflotant, tout va bien. Soudain, la route devient brillante et la voiture glisse latéralement, vous ne maîtrisez plus la direction, la voiture virevolte comme une danseuse, vous heurtez la glissière de sécurité dans un grand fracas, ou pire vous sombrez dans le fossé. Après un moment, sonné mais vivant, vous constatez la situation : la voiture est cabossée, vous êtes contusionné, vous ne sifflotez plus… Une malencontreuse plaque de gas-oil vous a fait déraper et vous n’avez pas su ni l’anticiper, ni l’éviter.
Qui sait si la société française ne va pas déraper, elle aussi, sur une plaque de gas-oil ? Ces derniers temps, les manifestations se sont multipliées contre le prix des carburants et particulièrement du gas-oil. D’abord les pêcheurs, puis les agriculteurs, chauffeurs de taxis, ambulanciers, camionneurs, etc. bloquent les routes ou les villes, s’en prenant davantage aux innocents plutôt qu’aux responsables…
Le scoop du prix du pétrole date un peu puisque dès le premier choc pétrolier de 1973 (il n’y a que 35 ans !) on savait que le pétrole serait bientôt de plus en plus rare et cher… Mais qu’a donc fait la classe politique, autiste, depuis 35 ans, en allant à contre sens des perspectives, privilégiant toujours plus la route aux dépens du rail et accélérant l’étalement urbain.
Maintenant que nous sommes le dos au mur, il faudrait expliquer, définir vite des orientations nouvelles et convaincre de la nécessité de changer les modalités de nos déplacements. Au lieu de cela, on assiste à une démagogie éhontée du pouvoir qui consiste à faire croire que l’on va prendre des mesures palliatives. Certes, accompagner une profession en mutation profonde est normal, cela s’appelle la solidarité nationale. Mais soutenir les pêcheurs pour prélever des poissons de plus en plus rares avec du pétrole de plus en plus cher, c’est aller à l’encontre du bon sens qui voudrait que l’on accompagne plutôt la reconversion professionnelle des pêcheurs. Les mesures prises ne pourront être qu’anecdotiques, reportant les charges de l’usager sur le contribuable et ainsi mécontentant tout le monde au final, sans rien régler.
Le prix des carburants atteindra prochainement 2, puis 3 € le litre, peut être davantage, que ferons-nous avec la démagogie d’un côté et la « prise d’otages » de l’autre ? Gare à la radicalisation des manifestants, à la violence des gens qui se sentent étranglés, trahis et abandonnés. Gare au dérapage sur une plaque de gas-oil !
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