C’est en 1966 que René Dumont publiait son fameux ouvrage « L’Afrique est mal partie » (http://www.editionsduseuil.fr). Le diagnostic pessimiste de Dumont semble revenu d’actualité avec les récentes émeutes de la faim. Avec près d’un milliard d’habitants sur un continent de 30 millions de km2, l’Afrique offre environ 210 millions d’hectares cultivés, sur des sols souvent fragiles et peu fertiles, et peine à nourrir sa population. Mais elle détient aussi des métaux et du pétrole qui suscitent des convoitises. Le prix Nobel de la paix, attribué en 2004 à Wangari Maathai (originaire du Kenya) symbolise le lien profond qui lie la paix à la gestion durable des ressources.
Certes le colonialisme n’a pas toujours impliqué les meilleurs choix pour l’Afrique, notamment en soutenant des dirigeants, parfois corrompus, ou en encourageant la fuite des élites vers le Nord. Les conséquences de ce gâchis, comme la déforestation, l’assèchement des lacs, l’urbanisation incontrôlée, entraînent aussi la dégradation des terres et la diminution de la biodiversité…
L’Afrique aussi est entrée dans la mondialisation et se laisse courtiser par la Chine, l’Inde, le Brésil ou les Etats-Unis, chacun de ces pays ayant pris conscience de l’énorme potentiel africain. Les Chinois, notamment, sont omniprésents, générant un tremblement de terre géopolitique aux dépens de la France, en particulier. Et au profit de qui ?
Remettre l’agriculture locale au cœur des politiques africaines doit être une priorité, pour déclencher une « révolution verte ». Pour se préserver, l’Afrique doit compter sur son propre potentiel agricole et forestier. C’est une chance historique pour son développement économique, pourvu qu’elle sache gérer ce patrimoine inestimable comme il doit l’être : avec modération et sagesse. L’Afrique centrale constitue le deuxième poumon de la planète, après l’Amazonie, et réunit plus de la moitié des écosystèmes majeurs du continent africain. Les forêts, si elles étaient bien gérées, pourraient contribuer à une certaine prospérité.
Les dirigeants africains, ou certains d’entre eux au moins, ont bien compris la signification profonde de ces bouleversements : « nous faisons partie des nouvelles puissances de la biodiversité » affirme Joseph Endundo, ministre congolais de l’environnement. Le défi à relever est énorme mais doit être enthousiasmant pour une jeunesse africaine qui a une mission planétaire à accomplir : nourrir sa propre population tout en préservant une part essentielle de la biodiversité pour la survie de toute la planète et inventer un système économique qui améliore le niveau de vie des Africains en respectant ce patrimoine fabuleux.